1855 Traité des liqueurs, et de la distillation des alcools ou, Le liquoriste et le distillateur modernes

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TRAITÉ

manière positive l'existence de cecorps qu'on avait admis sur la foi des anciens; il prétendit même que les odeurs étaient le résultat de la dissolution dans l'air d'une por– tion du corps odorant lui-même, et que l'intensité de ces odeurs dépendait de µlus ou de moins de volatilité de ce ·corps. Malheureusement cette théorie, séduiMnte par sa simplici~ ne s'accorde pas avec les faits connus. En septembre t-S!!O, j'ai publié quelqut!s considératK1ns sur l'arome, et , sans prétendre ramener aux anciennes idées, je crois avoir démontré que, dans beaucoup de circonstances ditférentes, l'odeur qui s'émane d'un corps n'est pas uniquement due à une volatilisation d'une partie de ce corps dans l'espace, mais bien à une combinaison réelle d'une substance souvent inodore par elle-même avec un produit très-volatil qui lui sert de véhicule. C'est ainsi que le musc, l'ambre , le tabac et tant d'autres substances, ne manifestent leur odeur qu'à l'aide de l'ammoniaque. Le musc bien desséché au bain– marie n'est plus odorant, et l'eau qui ·S'en est dégagée est ammoniacale. Qu'on l'imprègne d'une nouvelle quantité d'ammoniaque ~n le laissant séjourner dans les latrines, comme font quelquefois les parfumeurs, ou que celte ammoniaque provienne d'une décomposi– tion spontanée, l'odeur reparaîtra avec toute son inten– sité primitive. L'ammoniaque n'est pas le seul véhicule odorant ~ j'ai cité, dans les observations ci-dessus mentionnées, l'exemple de l'huile essentielle de quel– ques crucifères, et particulièrement celle du sinapû ni– gra. Là ce n'est pas à coup sûr de l'alcali volatil qui sert à l'expansion, puisqu'on sait au contraire que les acides donnent plus de force et de montant à la mou-

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