1896 Maison Pernod Fils

A PONTARLIER (ûOUBs)

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leurs rapports ont fait un certain bruit il y a quelques années et l'Académie de médecine a retenti du tumulte de leurs discussions. Car, comme au temps de Molière, les médecins sont rarement du même avis et, ce qui doit rassurer les amateurs de la célèbre liqueur, il s'est produit un désac cord surprenant entre les opinions de ces messieurs. Tandis que les uns, apportant le résultat d'expériences d'après eux tout à fait concluantes, — accusent l'anis et le fenouil d'être la cause des désordres cérébraux remarqués chez les buveurs et innocentent la plante d'absinthe, — les autres, en vertu d'expériences tout aussi concluantes, signa lent au contraire cette dernière comme la seule coupable et rétablissent l'anis et le fenouil dans leur innocence primi - tive. Lesquels ont raison? Lesquels ont tort? C'est ce que le public se demande et ces divergences fondamentales ne sont pas de nature à lui inspirer grande confiance dans les allégués des uns et des autres. Au reste la manière dont se font les fameuses expériences et les conclusions qu'on en tire sont telles qu'il n'est guère possible de les prendre au sérieux. En effet comment cherche-t-on à prouver les propriétés toxiques de l'essence d'anis ou de l'essence d'absinthe? On introduit dans un cobaye, au moyen d'injections sous- cutanées, un gramme d'essence ; l'animal se trouve incom modé; quelquefois il meurt peu de temps après l'opération; la démonstration est faite et chacun doit être convaincu que soit l'anis, soit l'absinthe est un poison dangereux. Avant de jurer ainsi sur la parole des maîtres, il serait bon de se rendre compte soi-même de la valeur léelle de l'expérience

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