1900 Le pays du cognac by L Ravaz

LE PAYS DU COGNAC

veuille prétendre que de si grandes quantités de vins, exportées en tant de lieux divers, pro,·inssent seulement du petit pays d'Aunis. Bien éviden1ment dans le port de La Rochelle, le plus important de la contrée, venaie'nt s'en1barquer pour être expédiés au loin les vins des régions Yoisines comme ceux de la Saintonge et de l'Angoumois. Et il se produisait alors pour les vins, désignés d'une façon générale par le nom du lieu d'expédition et du centre comn1ercial de la région, ce qui s'est produit depuis et se produit encore aujourd'hui pour nos eaux-de-vie, qui à leur tour ne sont corinues que sous le non1 d'EAUX-DE-VIE DE COGNAC, bien que Cog nac ne so it pas l'unique siège con1mercial des Charentes, nlais seulen1ent Je plus important. Les vignes jadis cultivées en Aunis et dans tout le pays avoisinant produisaient un Yin d'excellente qualité, d'une conservation facile, propre aux transports lointains. On paraît à une certaine époque avoir substitué aux cépages prin1itifs des cépages plus fertiles. L'on dut constater en 111ême ten1ps que les vins avaient moins de« tenue», et c'est de ce ten1ps la que date leur transforn1ation en eaux-de-vie par la distillation. Quoi qu'il en soit, les vins des Charentes ont joui jadis d'une réputation aussi grande que celle qu'ont acquise depuis nos eaux-de-vie. Ils figuraient avec honneur sur la table des anciens rois d'Angleterre. Il résulte de lettres royales publiées dans la collection de M. Chan1pollion-Figeac qu'en 1280, Philippe III, roi de France. renouvelait ses instances auprès d'Edouard d'Angleterre pour qu'il ait à faire payer à Enard de Breuil, bourgeois de La Rochelle, 32 tonneaux de vin que feu Thon1as de Breuil avait jadis fournit à Henri III, son père: ce qui prouve, entreparenthèses,qu'àcetteépoq uereculée , les ro'.s eL.x-1nê111es ne dédaignaient pas de s'occuper à faire rentrer les créances de leurs sujets. Et on ne les accusait pas de recevoir des pols-de-11ùi pour leurs bons offices. On a vu plus haut qu'au XIV 0 siècle, Jehan de Jaudun parlaitdes vins d'Aunis im1nédiatement après les vins de Grèce et de Grenache et avant ceux de Gascogne et de Bourgogne. Un siècle auparaYant, de vieux fablid.ux les vantaient en termes plus explicites et non n1oins louangeurs. L'auteur du fabliau de Cocaigne, dans sa peinture de ce lieu enchanteur pour les gounnets le fait traverser par une rivière, se divisant en deux bras dont l'un roule des flots du meilleur vin rouge qu'on puisse trouver à Beaune, - la réputation des vins de Bourgogne était déjà faite - et l'autre, un vin blanc rivalisant avec ceux d'Auxerre, de Tonnerre et de La Rochelle. Quand, dans le poè111e d'Henri d'Andely, intitulé: « La batni llc

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