1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE gués. On ne sut pas ou on ne put convaincre les récalcitrants qui trouvèrent pour les entraîner dans la iutte un jeune homme ardent : LAMARE. C’est alors que se. produisit cette résistance tragi-comique qui fut la première révolution champenoise. L’Association Syndicale de défense lutta encore quelques années puis disparut. La lutte continua pourtant, individuelle. Le phylloxéra étendit lentement ses ravages, retardé par un climat plus froid qu’il n’en avait jusqu’alors rencontré dans les vignobles de France. Peu à peu, au traite­ ment d’extinction se substitua le traitement cultural qui combattait le phylloxéra sans détruire les souches, et qui donnait des résultat encoura­ geants. En 1897, pour reprendre, sans le principe de l’obligation, l’organisation de la défense par le sulfure de carbone, un groupe de maisons de Cham­ pagne parmi les plus grandes marques, et propriétaires elles-mêmes de vignobles, créèrent VAssociation Viticole Champenoise; celle-ci prévoyait en même temps la reconstitution du vignoble par le greffage des vignobles détruits. Sous son impulsion se fondèrent les Syndicats communaux anti- phylloxériques, dont elle subventionnait les caisses alimentées par des coti­ sations proportionnelles aux surfaces cultivées. Les traitements culturaux, appliqués le plus souvent sous la forme collective, après une recherche minutieuse des taches, permirent de ralentir l’extension du phylloxéra contre lequel on lutta pied à pied. En 1906, année de lutte énergique, on utilisa dans les trois arrondissements de REIMS, d’EPERNAY et de CHA­ LONS-SUR-MARNE, 800.000 kgs de sulfure de carbone. Les chiffres que nous avons donnés plus haut montrent bien que les étés chauds et secs de 1900, puis de 1904, accélérèrent les ravages, surtout dans la vallée de la Marne où la circulation par voie ferrée et par route était intense et favorisait l’extension du fléau. Le mal envahissait vers 1904 la Montagne de REIMS où il était pourtant peu visible encore pour le profane lorsqu’éclata la guerre de 1914-18. Les vignes phylloxérées étaient maintenues en pleine production le plus longtemps possible par des traitements culturaux méticuleusement exécutés et si on ne -détruisait pas le puceron dévastateur, on le gênait considérablement dans son exten­ sion, ce qui permettait de préparer avec méthode la reconstitution par la greffe et de la commencer pendant que s’éteignaient lentement les anciennes vignes françaises non greffées. De 1914 à 1918, un certain nombre de vignobles situés sous le feu de l’ennemi demeurèrent incultes; ceux qui avaient subi les premières atteintes du phylloxéra ne purent être défendus; et brusquement ce fut la dévastation. Voici à titre documentaire les surfaces en vignes françaises franches de pied depuis 1900 jusqu’en 1938 dans trois arrondissements de REIMS, EPERNAY et CHALONS-SUR-MARNE pour lesquels la statistique a pu être suivi régulièrement depuis 1897, grâce à l’organisation de l’Asso­ ciation viticole Champenoise groupant autour d’elle les Syndicats Viticole communaux.

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