1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

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LA RECONSTITUTION DES VIGNOBLES PAR LES VIGNES GREFFÉES du porte-greffe. Quant au biseau des greffons, pourtant plus difficiles à exécuter, en raison de la petite dimension des greffons, le bon greffeur s’applique à le faire le plus près possible de l’œil, le bourgeon du greffon se trouvant placé plutôt au sommet du biseau, conditions auxquelles on attribue plus de chances de reprise. La languette que comporte la greffe anglaise sur le biseau doit être commencée aux 9/10* environ de la hauteur de celui-ci, plus près de l’écorce que de la moëlle. De la direction imprimée au greffoir lorsqu’il trace la languette dépend évidemment l’épaisseur de celle-ci. Les instructions fort bien rédigées en 1920 par M. LEBRUN, qui était alors Directeur des Ser­ vices Agricoles de la Marne (1) indiquent que la fente doit être descendue dans une direction sensiblement parallèle à la bissectrice de l’angle du biseau. Souvent nous avons vu préférer les greffes à sections assez courtes et par suite à languettes plus épaisses et un peu forcées au moment de l’assem­ blage. On a aini plus de solidité pendant les manipulations que nécessite la stratification; mais il faut avoir une virtuosité dans l’exécution de la greffe pour bien la réussir. On veille d’ailleurs à calculer les languettes de façon à pouvoir pousser à fond à l’assemblage sans laisser apercevoir de jour nulle part entre les languettes. En pratique, l’assemblage du greffon et du porte-greffe est souvent gêné par le méplat que présentent certains sarments de porte-greffes alors que les greffons de nos vignes françaises sont plutôt à section cylindrique. On cherche dans ce cas à faire coïncider sur la plus grande étendue pos­ sible la couche génératrice du porte-greffe avec celle du greffon. Lorsque le recouvrement reste malgré tout inégal, il faut veiller à ne pas faire dépasser le biseau du porte-greffe à la partie supérieure, car la soudure bâillerait plus ou moins en cet endroit, compromettant gravement l’avenir de la jeune souche. L’expérience a montré que si le dépassement se pro­ duit en bas du biseau la soudure peut néanmoins se faire d’une façon satisfaisante. LA STRATIFICATION DES GREFFES-BOUTURES. — On a acquis en Champagne une grande expérience de cette méthode de stratification. Essayée tout d’abord chez M. RICHTER, pépiniériste à MONTPELLIER, vers 1895, elle a été introduite presque aussitôt dans la Marne par M. Raoul CHANDON de BRIAILLES. Sous sa direction, M. Marcel MAZADE et ses collaborateurs, MM. PASTOR et LEMAIRE se sont employés à perfection­ ner le procédé primitif en l’étudiant dans le magnifique établissement viti­ cole bien connu à Epernay sous l’appellation de Fort-Chabrol du nom de l’entrepreneur qui en assura la construction. C’est du Fort Chabrol

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(1) Instructions pratiques sur les cours et concours de greffage de la vigne. » L. LEBRUN, « Vigneron champenois », 1920, page 138.

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