1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LA RECONSTITUTION DES VIGNOBLES PAR LES VIGNES GREFFÉES Ainsi que le signale M. G. PHILIPPONNAT, dans le travail déjà cité : « Ce sont, si Ton peut s’exprimer ainsi, les deux bains réglementaires. Il ne faut pas hésiter à les augmenter et à en changer le moment si Ton en constate la nécessité, soit que le bois ne soit pas bien gorgé d’eau au greffage, soit que la garniture ait été employée trop sèche. On peut aussi les réduire, et nous avons vu des chambres chaudes donnant des résultats par­ faits sans autre bain aux caisses que celui du début. « La question des bains est importante; elle exige un certain doigté qu’on acquiert par l’expérience. » Le premier bain provoque généralement un beau développement de la soudure des greffes qui, à partir de ce moment, vont plus ou moins vite, suivant la conduite de la chambre chaude parfois, mais surtout suivant les porte-greffes. ïl est difficile de fixer une durée à la stratification en chambre chaude. En général, celle-ci est de 15 à 20 jours. C’est l’aspect des greffes, qu’on examine par l’extrémité de la caisse munie d’une paroi mobile, qui détermine le moment de la sortie. Il faut qu’avant d’être enlevées des caisses les greffes soient bien soudées. Toute l’habileté des praticiens qui conduisent la stratification en chambre chaude consiste à obtenir ce résul­ tat avec le moins de développement possible des bourgeons de façon à conserver dans la petite bouture toutes les réserves nécessaires au dévelop­ pement des racines. Quand ce résultat est acquis, nous pensons, si le temps le permet, qu’il vaut mieux hâter la mise en pépinière. Sous le climat de Champagne il arrive parfois que des refroidissements printaniers retardent cette opération. Les caisses peuvent alors attendre, soit dans une chambre tempérée, suffisamment éclairée pour que les bourgeons ne s’étiolent pas, soit, le plus souvent dans un simple hangar bien abrité. Dans la plupart des chambres chaudes syndicales, les vignerons viennent reprendre leurs caisses et les emportent chez eux. Le plus grand danger à éviter pendant la stratification en chambre chaude est la pourriture engendrée par le Botrytis cinéréa qui se développe à la surface des caisses dans la sciure. C’est pour l’éviter qu’on entretient l’humidité des caisses par des bains et non par des arrosages. Une goutte d’eau qui tombe à la surface d’une caisse suffit à la faire déclarer autour d’elle. De là souvent partent des mycélium de\botrytis reliant la sciure en formant ce que les maraîchers dans leurs châssis appellent « la toile ». L’excès d’humidité doit être évité dans la chambre chaude, et les bains doivent être pris dans une pièce extérieure pour éviter la buée chaude qui s’en dégage. Les trappes vitrées placées dans le plafond de la chambre permettent une aération plus facile, et, par leur éclairage, favorisent le développement de la chlorophylle sur les bourgeons qui s’ouvrent et qui sont ainsi moins sujets à la pourriture. En cas d’attaque de pourriture, il faut sortir les caisses atteintes, les découvrir en les plaçant sur le côté et en les soufflant énergiquement pour bien dégager les bourgeons et même tous les greffons. Les caisses ainsi soigneusement nettoyées seront si possible exposées quelques instants au — 123 —-

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