1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LA TAILLE DE LA VIGNE EN CHAMPAGNE dans le bourgeon principal, puis beaucoup plus haut dans les contre- bourgeons. C’est là un fait que tous les vignerons connaissent : la fertilité des bourgeons est d’autant plus grande que ces bourgeons sont plus éloignés de la base du sarment. Il n’y aurait dérogation à cette règle que si on approchait de l’extrémité du sarment qu’on ne peut songer à conserver à la taille. Cette constatation est la conséquence du troisième principe que nous venons d’énoncer et le principe lui-même est sous la dépendance du pre^ mier. C’est parce que les vaisseaux du bois s’allongent et que la sève est gênée par les rétrécissements qu’ils subissent à chaque nœud qu’elle arrive moins abondante à mesure que les bourgeons s’élèvent le long du sarment. L’allongement des charpentes du vieux bois ralentit la circula­ tion de la sève et contribue à accroître la fructification des bourgeons de la base sur les sarments de l’année. 4° Le développement d’un bourgeon, quelle que soit sa fertilité, est d’autant plus actif qu’il reçoit plus d’eau pendant ce développement. Ce quatrième principe ne nécessite pas beaucoup d’explications. Tout le monde sait bien que toute la plante voit sa végétation d’autant plus active que l’eau lui est fournie en quantité suffisante; le bourgeon lui-même puise dans l’eau qu’il reçoit les éléments nutritifs nécessaires à l’organi­ sation des tissus; plus cette eau lui arrive aisément, plus il pourra multi­ plier ses cellules et s’accroître. Plus les vaisseaux seront courts entre les bourgeons et le sol, plus les bourgeons se développeront vigoureusement, exception faite toutefois pour les bourgeons les plus élevés et les bourgeons situés aux extrémités. Et il est facile de comprendre que pour augmenter la vigueur des bourgeons par la taille il faut faire exactement l’inverse de ce qu’on doit faire pour augmenter leur fertilité. 5° Pour chaque cépage, pour chaque sol et pour chaque climat, il existe entre la fertilité et la vigueur d’une souche une succession d’équi­ libre correspondant à des qualités différentes des produits. Ce principe a été exposé par M. RAVAZ au Congrès Viticole d’ANGERS en 1907, et il est admis sans peine par tous ceux qui cultivent la vigne dans les grands crus. Au maximum de qualité correspond un certain équilibre entre la fertilité représentée par le poids des grappes et la vigueur repré­ sentée par le poids des sarments. M. RAVAZ l’exprimait par le rapport F/V. C’est ce cinquième principe qui permet de comprendre comment il faut agir pour éviter l’opposition qui apparaît entre le 3* principe relatif à la fertilité et le 4° principe relatif à la vigueur. On peut en effet dans cer-

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