1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

Il est bien difficile de préciser à quelle époque la vigne fût importée en Champagne. Mais on peut affirmer qu'elle y existe depuis les débuts de -Père chrétienne, car PLINE écrivait (L 6 XIVCVI) : « Les autres vins de la Gaule, recommandés pour la table des rois ne sont-ils pas ceux de campagne de REIMS qu’on appelle vins d’AY. » (Citation de M. le Cha­ noine NERET, dans son livre sur Dom PERIGNON, page 4.) Les vignobles disparurent sans doute de la Gaule pendant près de deux siècles, car vers l'an 92, l’empereur DOMITIEN craignant que la viticulture détourne vers elle la main-d’œuvre nécessaire à la culture du blé, ordonna l’arrachage des vignes dans toute la Gaule (Abbé ROZIER, Cours d’Agriculture TX). Ce n’est que vers l’an 280 que l’empereur PROBUS autorisa les Gaulois à replanter leurs vignobles et occupa même ses troupes à ce travail aux environs de REIMS (MOREAU-BERILON, Au pays du Champagne, p. 5). A mesure que se développait en Gaule la foi chrétienne, les prêtres et les moines développaient la culture de la vigne pour se procurer le vin nécessaire à la célébration de la messe. La Champagne dès cette époque semble bien avoir été un vignoble réputé. Au moyen âge, saint REMY, qui fut évêque de REIMS où il baptisa CLOVIS, a laissé un testament dans lequel, après avoir institué l’Eglise de REIMS sa légataire universelle, il distribue des parcelles de vigne à des prêtres, à des parents, à des serviteurs. Nos églises, nos cathédrales de Champagne, montrent assez dans leurs sculptures que la vigne jouait à l’époque de leur construction un rôle bien grand dans la région. MOREAU-BERILLON cite, d’après FLODOARD, une lettre que PARDULLES, évêque de LAON, écrivait à HINCMARD, Archevêque de REIMS, en 850, où il lui recommandait, comme il relevait de maladie, d’éviter le maigre et les petits poissons et d’user de certains vins de Champagne. « Prenez, écrivait PARDULLES, des vins de qualité moyenne qui ne soient ni trop forts ni trop faibles, qui proviennent du flanc des coteaux et non du sommet des Montagnes ou des profondeurs des vallées. Tels sont ceux du Mont Ebon (Monthelon), à EPERNAY, de CHAUMUSSY (Chaumuzy), de MILL.Y (Mailly) et de CORMICY dans le Rémois. » (MOREAU-BERILLON - Au pays du Champagne - p. 15.) On remarquera

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