1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE L’emploi des engrais phosphatés quels qu’ils soient, se fera sentir sur la qualité des produits, voire même peut-être un peu sur la résistance à l’invasion des cryptogames parasites. Sur la quantité, les engrais phos­ phatés agissent à condition d’être accompagnés par une dose suffisante d’azote, c’est là un point qu’on néglige trop souvent en observant leur action. Mettez des engrais azotés sur toute une vigne et des engrais phos­ phatés sur la moitié de cette vigne vous verrez nettement une augmentation de récolte due aux engrais phosphatés. Mettez seulement des engrais phos­ phatés sur la moitié de votre vigne et pas du tout d’engrais azotés, la dif­ férence due aux engrais phosphatés sera faible à moins que le sol ne soit lui-même riche en azote. C’est là un effet de l’harmonie qui doit exister entre les principes fertilisants dans une fumure bien comprise et que nous avons signalé déjà; mais ce besoin de l’engrais complet est plus sensible quand il s’agit d’acide phosphorique, peut-être à cause du peu de solubilité de ce principe fertilisant dans le sol. Quant à la potasse, c’est sous la forme de sulfate de potasse que la vigne goûtera le mieux ses effets dans tous les sols, dès qu’ils n’auront pas une forte richesse naturelle en potasse. Ceci est confirmé par des essais très minutieusement contrôlés que M. COUVREUR-PERIN, le distingué viticulteur de RILLY-LA-MONTAGNE, a poursuivi lui-même de 1904 à 1908 (« Vigneron Champenois » de 1921, page 545). Les difficultés qu’on rencontre actuellement pour s’approvisionner en sulfate de potasse dispa­ raîtront, il faut l’espérer, dès que seront tout à fait réorganisées les mines de l’Alsace. Tant que Je sulfate de potasse sera rare on sera bien obligé d’avoir recours au chlorure de potassium, à la kaïnite ou à la sylvinite. On évitera soigneusement d’en exagérer les doses, et on essayera même de les réduire dans les terres qui seront connues pour contenir naturellement de la potasse. Ces formes d’engrais potassiques sont en effet beaucoup moins favorables à la végétation de la vigne, et peuvent avoir, même en certains cas, une action nuisible qui combat leur action fertilisante. Il est préférable à notre avis de distribuer les engrais commerciaux tous les ans plutôt que de faire de grosses distributions destinées à l’ali­ mentation de la vigne pendant plusieurs années. On règle ainsi plus facile­ ment l’action des principes fertilisants sur le vignoble et on immobi’ise les capitaux pendant moins longtemps tout en risquant moins les pertes dans le sous-sol. Les engrais phosphatés et potassiques gagneront à être répandus le plus tôt possible en hiver, quitte à ne pas être enterrés de suite. Il en sera de même des engrais organiques en général. Enfin les engrais azotés nitriques (nitrate de soude, nitrate de chaux), seront répandus au moment du départ de la végétation, en couverture, et de préférence avant l’exécution d’un binage, sans que cette dernière remar­ que, sous le climat de Champagne, ait cependant une importance considé­ rable. Les engrais nitriques sont d’ailleurs revenus sur le marché assez vite

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