1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz
LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE
France, qui connaissait alors des réunions très suivies où se discutaient avec intérêt ces graves questions techniques. C’est cette idée que reprenait avec toute son autorité RAVAZ en 1919, en écrivant dans un rapport officiel sur la Station d’avertissements de MONTPELLIER : « Le traitement qui a le plus de chances d’être entièrement efficace est celui qui est donné la veille même de l’apparition de l’invasion lorsqu’elle est connue à l’avance; puis ceux qui sont donnés un, deux, trois, quatre jours avant cette date. Pourquoi? Ce n’est nullement parce que les bouillies cupriques perdent de leur efficacité à mesure qu’elles vieillissent sur les feuilles, mais parce que de nouvelles feuilles non cuivrées se forment sans cesse par dessus ou à côté des anciennes et restent attaquables par la maladie ». A la suite des attaques précoces sur les jeunes grappes en 1908 et en 1910, nous avons toujours conseillé un premier traitement lorsque les pre mières feuilles sont sorties des bourgeons et que les petites grappes se montrent nettement. Traitement d’assurance », disaient nos amis MOREAU et VINET. La grappe ne se renouvelle pas comme les feuilles; on peut, pour éviter toute surprise, commencer dès qu’il est possible à la recouvrir de cuivre et d’arséniate lorsqu’on craint l’Eudémie et la Cochylis. Ensuite, on doit suivre la croissance de la vigne, qui est fort rapide entre le débourrement des bourgeons et la floraison. Le procédé le plus simple consiste à palisser un certain nombre de pousses le long de grandes règles où chaque jour on trace un trait au-dessus du bourgeon terminal. Il en résulte sur chaque règle une succession de traits, s’écartant ou se resser rant suivant que la croissance s’accélère ou se ralentit, et qui donnent des indications utiles à celui qui doit déterminer les périodes de réceptivité de la vigne. On complète cette observation par le comptage des feuilles déve loppées depuis le débourrement d’abord, puis après chaque traitement. RAVAZ complétait ces graphiques par la mesure de la surface foliacée. Mais c’était là un travail assez compliqué et il déclara lui-même dans le rapport que j’ai déjà cité : « L’accroissement de la surface foliacée totale est sensiblement paral lèle à l’accroissement en longueur des rameaux; on peut donc mesurer l’une par l’autre ». Lorsqu’on est ainsi organisé pour prévoir les périodes de réceptivité de la vigne à l’égard du Mildiou, il est nécessaire, connaissant la biologie du parasite, de combiner l’observation de ses attaques successives avec les observations météorologiques locales et les prévisions du temps, qu’on peut recevoir de l’Office National Météorologique. Le plus difficile est de prévoir la première apparition, celle qui est due à la germination des spores d’hiver. Cette germination demande beaucoup d’eau. Il faut une pluie assez abondante, formant des flaques où les débris de feuilles de l’année précédente peuvent tremper pendant plusieurs heures à une température supérieure à 11 degrés. La germination sera générale
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