1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

La masse des coteaux viticoles est constituée dans les grands et pre­ miers crus de la « craie à bélemnites » (Crétacé supérieur) qui surmonte en Champagne la « Craie à micraster ». Il apparaît bien que la craie à bélemnites est la formation viticole, tandis que la craie à micraster est la formation exclusivement agricole, qui se retrouve sur toute rétendue de la Champagne dite « pouilleuse », qui doit son nom au serpolet abondant dans ses terrains incultes, et que les Champenois appellent le « pouillot ». Les anciens vignerons, tout en ignorant la géologie, ont toujours arrêté leurs plantations à la limite de ces deux craies de constitutions différentes. Sans doute avaient-ils reconnu, «sans se les expliquer, une influence bien­ faisante de l’une et une action néfaste de l’autre. On est même surpris de constater que là où la craie à bélemnites déborde les coteaux pour s’avan­ cer dans la plaine, les vignes ont tendance à la suivre. Il est fort probable que la masse de cette craie a une action drainante et réchauffante pour le sol qu’elle supporte. Mais la craie à bélemnites est toujours recouverte, sur la pente des coteaux, par des dépôts meubles descendus des formations géologiques ter­ tiaires qui coiffent la partie supérieure. C’est en réalité dans ces dépôts meubles glissés des sommets en se mélangeant plus ou moins au sous-sol crayeux, que vivent les racines de la vigne. Ces dépôts meubles ont une épaisseur très variable, depuis quelques décimètres jusqu’à plusieurs mètres. A l’analyse physique, les terres des vignobles de grands et premier-s crus champenois se classent le plus souvent parmi les terres silico-argilo- calcaires ou parmi les terres argilo-silico-calcaires. Elles sont parfois plas­ tiques, mais la pente et l’action de la craie à bélemnites se faisant toujours sentir, cette plasticité n’apparaît pas comme une gêne dans l’exécution des travaux et elle ne rend pas la décomposition des matières organiques trop lente. A l’analyse chimique, elles sont généralement d’une richesse moyenne en azote et en potasse, assez copieusement fournie en acide phosphorique. Nous donnons d’ailleurs, dans le tableau ci-joint, quelques analyses com­ plètes d’échantillons de sols des grands ou des premiers crus, prélevés

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