1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE mière maison reconstruite fut la chambre chaude destinée à la stratifica­ tion des greffes. Les jurys de nos concours de greffage durent visiter les candidats dans des abris de fortune, dans des baraquements, tandis qu’en été les pépinières voisinaient avec les tombes. Le service des achats de porte-greffes rétabli livrait aux Syndicats viticoles dès l’hiver de 1919-1920 une quantité de 2.352.900 mètres de sar­ ments greffables qu’il avait fallu rechercher dans tous les champs de pieds-mères du midi de la France. Comme il fallait avant tout, faire reprendre le greffage et la reconstitution, l’A.V.C. qui venait de doubler les cotisations de ses membres, perdit volontairement sur. ces livraisons de porte-greffes 103.685 francs. En hiver 1920-1921, les achats atteignent 2.556.400 mètres, et l’A.V.C. sacrifie encore 85.582 francs. Vingt chambres chaudes syndicales ont été relevées. M. BERTRAND de MUN venait de céder la Présidence de l’A.V.C. à M. Henri GALLICE pour accepter la Présidence du Syndicat du Commerce des Vins de Champagne qui devait activer la reconstitution des maisons de commerce en ruine. M. Henri GALLICE offre à l’A.V.C. le journal « Le Vigneron Champenois », dont il était le propriétaire. C’est un moyen puis­ sant de bonne propagande technique que l’A.V.C. utilise encore à l’heure actuelle avec grand profit. Nous organisons des journées viticoles auxquelles -sont invités les délé­ gués des Syndicats viticoles, nous utilisons les compétences de nos amis de la Commission technique pour développer en conférences des sujets intéressant la culture de la vigne en Champagne. A midi, un banquet, où on a compté parfois plus de 400 couverts, réunissait commerçants et vigne­ rons autour des grands vins de Champagne offerts par les maisons de l’A.V.C. Le Président de l’A.V.C. exposait au dessert la situation viticole. Le Président du Syndicat du Commerce des Vins de Champagne, et c’était à cette époque l’éloquent et précis M. BERTRAND de MUN, développait la situation du Commerce. Ainsi négociants et vignerons apprenaient à se connaître et en même temps à comprendre leurs difficultés réciproques. Nous verrons plus loin que cette coutume, suspendue en 1940 par la guerre, vient d’être reprise en 1947 avec un plein succès. Nous avions connu une Champagne où les prix d’achat se fixaient à la vendange par simple accord entre négociants. Encore y avait-il entre ceux-ci bien souvent absence d’entente sur la méthode à suivre, certaines maison-s discutant les prix avec leurs livreurs seulement. Bientôt les prix de base payables dans les plus grands crus furent dis­ cutés chaque année à la veille des vendanges par les délégués des vigne­ rons, que désignait le Syndicat général et les délégués du Commerce, que désignait le Syndicat du Commerce des Vins de Champagne. L’accord ne fut pas toujours possible dans les années de grande crise économique, mais, même dans ce cas, il en résultait des indications assez sérieuses pour gêner les spéculateurs susceptibles d’exploiter la misère des producteurs

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