1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE CLIMAT DU VIGNOBLE DE CHAMPAGNE longue et malgré le mouvement diurne de bascule un léger étiolement se produisait, dont l'effet s’accumulant chaque année, tendait à diminuer la fertilité des souches. C’est pourtant le procédé de défense le plus efficace que nous ayions vu utiliser contre la gelée blanche en nos régions cham­ penoises. Il agit .encore en s’opposant au rayonnement nocturne et au réchauffement trop rapide qui suit souvent la gelée blanche. Les nuages artificiels sont relativement économiques et ont toujours leurs partisans. Leur principe repose sur ce fait que les nuages en formant écran au-dessus des plantes à protéger, empêchent le rayonnement de ‘e produire vers l’espace. Certains prétendent que le rôle de la fumée consiste seulement à empêcher un dégel trop rapide au lever du soleil. Sans doute les deux actions sont-elles susceptibles de se suivre. Mais il ne faut pas demander trop aux nuages artificiels. Ils peuvent défendre un vignoble contre des abaissements de température assez faibles (—3° quelquefois un peu plus si la gelée dure peu). Il est bien entendu aussi qu'ils n'agissent que sur les véritables gelées blanches avec givre et sans vent. En Cham­ pagne, dans quelques communes, on est resté fidèle aux fumées, qu’on produit en brûlant de la naphtaline brute appelée improprement « tour­ teau de créosote » et qu’on peut -se procurer comme résidu de la fabrica­ tion du gaz d’éclairage. Encore faut-il compter avec le vent, aussi faible soit-il, dont les caprices modifient à tout instant la forme et la position du nu2ge formé. C’est d’ailleurs une raison pour que, dans les vignobles de peu d’étendue, isolés, on renonce à un système qui peut fuir loin en quelques minutes, laissant découverte la propriété de celui qui a fait les frais de la défense. Mais en général la défense a été en Champagne organisée sous la forme collective par les Syndicats viticoles et diminuant ainsi beaucoup le risque que nous venons de signaler. L’allumage demande une organisation méthodique. Il faut que cha­ cun sache bien ce qu’il a à faire, car dans la nuit on reconnaît difficile­ ment les opérateurs et les explications se donnent mal. Deux ordres seule­ ment sont faciles à donner : celui de l’allumage et celui de l’extinction. Connaissant le mécanisme de la gelée blanche et les circonstances météorologiques qui favorisent le rayonnement, on a imaginé des appareils tels que le Pagoscope qui permettent de prévoir la gelée blanche la veille pour le lendemain. Rappelons de suite que l’Office national météorologique lance tous les soirs de la Radio Nationale des prévisions météorologiques qui préviennent les viticulteurs et les arboriculteurs des dangers de gelée blanche pour le lendemain matin. Un poste de T.S.F. dans nos campagnes joint donc l’utile à l’agréable. Un bon thermomètre avertisseur placé dans un point particulièrement exposé au refroidissement, complète cè service de prévisions en réveillant l’intéressé qui doit organiser l’allumage des foyers.

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