1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE

On exécutait successivement : — Un premier binage fin Mai; — Le liage des jeunes pampres à l’échalas en Juin; — Un premier rognage aussitôt après la floraison à environ 70 centi­ mètres au-dessus du sol; — Un deuxième binage en Juillet; — Un deuxième rognage aussitôt après ce binage à environ 80 centi­ mètres au-dessus du sol; — Un troisième binage en août. Pendant ce troisième binage on creu­ sait de petites fosses sous les grappes de raisins placées trop près du sol et risquant d’être salies par la terre. La culture en foule avec provignage annuel ne pouvait s’accommoder de la reconstitution par la greffe. Le provignage des vignes grefTées a été étudié à l’Ecole de MONTPEL­ LIER dès 1887 par M. FOEX, qui en était à cette époque le Directeur en y enseignant la Viticulture. Sur l’instigation d’un Champenois, M. VIMONT, des Pinots vert dorés de Champagne greffés sur Taylor-Narbonne furent cultivés à la mode champenoise avec .recouchage annuel de la souche après la taille comme faisaient les vignerons de la Marne en exécutant la « bêche- rie ». L’expérience avait lieu en terrain très phylloxéré, et elle réussit parfaitement. J’ai connu moi-même “ces pinots qui n’ont disparu que vers 1S00 au moment d’un transfert des vignes d’expériences en un autre endroit. Les Pinots de Champagne serpentaient dans le sol sans développer de grosses racines et s’alimentaient par les racines du porte-greffe résis­ tant. Il fut beaucoup question de cette expérience au Congrès Viticole qui se tint à MONTPELLIER en 1893, et, à cette époque, on avait tendance à admettre comme possible le couchage en terre des vignes greffées. M. FOEX cita plusieurs exemples méridionaux de provins de vignes gref­ fées en très bonne santé et ses conclusions étaient favorables. Il existe d’ailleurs dans la « Bibliothèque des connaissances utiles » un livre de la duchesse de FITZ-JAMES intitulé : La pratique de la Viticul­ ture, édité en 1894, où la théorie du provignage des vignes greffées est longuement défendue . Les exemples recueillis par M. FOEX étaient tous pris en terrains très phylloxéra et il expliquait ainsi les succès enregistrés : / L’action du phylloxéra est bien manifeste; il sèvre progressivement la partie souterraine de ses racines européennes et ne laisse subsister que celles du pied américain qui, seules, assurent l’alimentation de la vigne. » Quatre ans plus tard, en 1897, M. ROY-CHEVRIER présenta au Congrès de SAUMUR un nouveau rapport sur cette question. Peut-être même, en raison des expériences de MONTPELLIER, les exemples de pro­ vins dans les vignobles reconstitués par la greffe étaient nombreux en Bourgogne. Le rapporteur rappelant les expériences de M. FOEX en signala d’autres plus au Nord et qui avaient donné toute satisfaction. Lui-même possédait en Saône-et-Loire des provins superbes de Gamay Fréau, greffés

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