1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

PRÉFACE National des Appellations d’Origine est représenté d’ailleurs par un de ses meilleurs fonctionnaires. Cette évolution prit naissance dans la misère commune. Elle rapprocha les hommes. Le Commerce, sous la présidence de M. Bertrand de Mun, sentit matériellement la communauté d’intérêts qui le liait à la Viticulture. L’idée périmée du vigneron réduit au rôle de fournisseur de matière première fut abandonnée pour la notion d’égalité entre le producteur et le transformateur. Dès que le principe fut admis sous l’impulsion d'hommes de valeur , non sans quelques résistances de part et d’autre du reste, ses applications pratiques intervinrent à grande allure. A l’heure actuelle, le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne, dont le Bureau Exécutif est strictement paritaire, en est la dernière expression. Préparé par l’action de MM. Robert de Vogué et Maurice Dogard, il avait soulevé au début les plus vives appréhensions. On craignait aussi bien le, renforcement d’un dirigisme nocif que la mainmise d’une des parties sur l’autre. Devant les résultats aussi importants qu’audacieux obtenus dans tous les domaines : cultural, social, économique, etc., devant l’ampleur des res- sources financières mises en œuvre ( la Caisse de la Communauté Cham­ penoise perçoit chaque année plus de 75 millions ), et surtout devant l’im­ partialité qui paraît g régner, les critiques s’estompent et la position du Comité Interprofessionnel semble désormais bien assise. Il faut souhaiter que l’esprit d’entente que les crises et les calamités ont créé en Champagne gagne tous ceux qui, en France, vivent de la Vigne et du Vin. Il faut souhaiter que producteurs, transformateurs, éleveurs, distributeurs, abandonnant les querelles de personnes ou de clochers, fai­ sant abstraction de leurs intérêts immédiats, comprenant enfin que tout le monde doit pouvoir vivre, élèvent leurs conceptions sur un plan où la hauteur de vue amène l’abandon des suprématies illusoires et sclérosantes pour ne s’inspirer enfin que de l’intérêt supérieur commun à une vaste corporation. Cela n’est certes pas pour aujourd’hui, ni même pour demain. Le fruit n’est pas mûr. Le sentiment du « fournisseur de matière première », qui) n’a pas voix au chapitre, est encore trop ancré dans l’esprit de certains, celui du « Commerce ennemi » l’est aussi chez d’autres, la méfiance mutuelle est trop souvent à la base des relations, on n’admet pas l’absence d’arrière- pensées. Mais le jour où tous auront compris que la logauté et l’honnêteté sont les plus grandes des habiletés dans un monde encore désaxé par les séquelles de la guerre, que la discipline de la qualité à tous les échelons, ce qui suppose l’entente, peut seule nous redonner la place de jadis sur les marchés internationaux, l’évolution se fera. Une fois de plus, la Champagne aura donné le grand exemple. Nous devons la saluer. B aron le R oy , Président de l’Institut National des Appellations d’Origine des Vins et Eaux-de-Vie.

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