1855 Traité des liqueurs, et de la distillation des alcools ou, Le liquoriste et le distillateur modernes

DES LIQVIVRS. !7 avant que les Romains leur eussent apporlé la vigne. Nous voulons parler de l'hydromel. Les Gaules, couvertes de forêts, abondaient en es– saims d'abeilles, qui fournissaient une prodigieuse quantité de mitll sauvage, que nos ancêtres r~cueil­ laient, el dont ils composaient une liqueur forte et enivrante, par le moyen de la fermentation dans l'eau. Telle fut longtemps leur boisson, qui s'appelait dès lors hydromel. Vers le xv• siècle, temps où les abeilles domestiques avaient pris la place des sauuges, el où l'abondance du vin avait fait oublier l'usage de celte liqueur, on inventa un hydromel vineux, peut-être même ne fit-on que renouveler cette boisson, qu'il est impossible que les Gaulois n'aient pas fabriquée. Un ouvrage du xv• siècle nous apprendra la manière de le faire et de le conserver comme du vin. Les moines de l'abbaye de Cluny se régalaient à cer-– tains jours avec de l'hydromel aromatisé, où il entrait de la bétoine el d'autres herbes , et ils appelaient cette liqueur potus dulcissimw. Le marc d'hydromel trempé d'eau était distribué aux valets de l'abbaye et aux paysans. La bière était une boisson de nos pères. Pline nous atteste qu'ils en buvaient de son temps ; mais ce qui nous étonne, c'est qu'il ajoute qu'ils avaient le secret de la conserver pendant plusieurs années. Ce secret est perdu pour nous. Nous trouvons dans Diodore de Si– cile que les Egyptiens avaient deux sortes de bière : l'une forte, appelée zichh; l'autre douce, qu'ils nom– maient curmi. Les Gaulois conservèrent celle dh·ision 11u'ils tenaient sans doute des Phocéens: leur bière forte

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