1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

ANCIENNES PRATIQUES CULTURALES DU GRAND VIGNOBLE sur Rupestris Martin. Mais il en cita d’autres en Bourgogne, dans les Côtes- du-Rhone et dans l’Isère, qui, magnifiques les premières années de provi­ gnage, étaient morts assez rapidement ensuite sous les attaques du phyl­ loxéra. ROY-CHEVRIER expliquait ces contradictions apparentes par l’acti­ vité plus ou moins grande du phylloxéra. Dans tous les cas de réussite, des provins comme l’avait constaté M. FOEX, les racines françaises n’avaient pu se développer; les phylloxéras très actifs, les détruisaient aussitôt nées. Ailleurs, les phylloxéras, absents ou peu actifs au début du provignage laissaient croître les racines françaises, et celles-ci se développaient d’au­ tant plus vite que la greffe mettait un obstacle entre le porte-greffe e' le greffon. Les racines du porte-greffe s’affaiblissaient; si un jour les phyl­ loxéras, favorisés par un été chaud, s’attaquaient violemment aux racines françaises, le porte-greffe n’avait plus la vigueur nécessaire pour nourrir la souche provignée, et celle-ci dépérissait. En 1907, au Congrès de la Société pour l’Avancement des Sciences, M. BACON, professeur d’Agriculture à SAUMUR, présenta un rapport très favorable au provignage des vignes greffées en se basant sur des expé­ riences couronnées de succès entreprises à SAUMUR, notamment dans un vignoble célèbre appartenant à M. CRISTAL. A une époque où la Cham­ pagne se défendait encore activement par le sulfure de carbone contre l'envahissement du phylloxéra, et où une certaine résistance sc manifestait contre l’introduction des vignes greffées, la propagande faite autour de ces expériences risquait de faire engager l’avenir du vignoble sur des méthodes de culture offrant bien peu de sécurité. L’Association viticole champenoise envoya une commission composée de trois viticu taurs champenois qui connaissaient à fond les questions de viticulture pratique et môme théo­ rique, fort entraînés aux recherches phvlloxériques, au greffage et même au provignage. J’ai eu l’honneur d’accompagner ces experts à SAUMUR pour examiner les essais effectués en ce beau et intéressant .vignoble, "''es essais, tentés non pas comme méthode de culture, mais comine remèdes à des situations particulières, chlorose du porte-greffe mal adapté ou modifi­ cation dans les intervalles de plantation, avaient été pratiqués dans des sols où jamais ne s’était manifesté d’activité phylloxérique. A côté d’une plantation ainsi provignée, nous avons admiré à l’époque (1909) une vigne de Chemin plantée en 1750 et qui était encore fort belle quoique n’ayar.t jamais reçu aucun traitement au sulfure de carbone ou au sulfocarbonate depuis dix ans. Nous avons rendu compte avec quelques détails des consta­ tations faites dans le «Progrès Agricole et Viticole » (1910, page 401). En Champagne même, de nombreux essais ont été faits au début de la reconstitution, alors que certaines maisons de commerce, ou plutôt leurs représentants, peu éclairés sur le problème que posait le phylloxéra, refusaient les vins de vignes greffées sous le prétexte de défendre la qua­ lité, prétexte très noble, certes, mais qui ne prévoyait pas les nécessités de l’avenir. Ces essais, nous les avons suivis jusqu’en 1913 avec la commis­ sion technique de l’Association Viticole Champenoise et nous les avons vu

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