1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE « Les plantations commencées au printemps 1944 ont été poursuivies « en 1945 et 1946. Les difficultés rencontrées pour obtenir les racinés néces- « saires font qu’elles ont dû être échelonnées sur plusieurs années. « Les plants utilisés sont soumis à une sélection sévère pour éliminer c le plus possible les risques de dégénérescence. Ce travail est exécuté sur « place par le personnel de la Station de Recherches Viticoles et Œnolo- « giques de Champagne et par celui de l’Association Viticole Champenoise. « Certes, cette sélection n’est sans doute pas parfaite, mais elle consti- € tue un premier pas vers l’amélioration de l’état, sanitaire. » Le greffage est d’ailleurs pratiqué en Champagne avec un soin méti­ culeux par les vignerons eux-mêmes, et pour compenser les inconvénients d’un climat septentrional, ceux-ci sont passés maîtres dans l’utilisation de la méthode dite « de stratification en chambre chaude » dont nous exposons les principes dans un article spécial de ce chapitre. Cette méthode, étudiée dans l’établissement de viticulture de la Maison Moët et Chandon, à EPER- NAY, mise au point scientifiquement pour le climat de Champagne, fut vul­ garisée par les soins de l’A.V.C. qui aida puissamment les Syndicats viti­ coles communaux à aménager des chambres chaudes où la stratification des greffes se pratique collectivement, chacun soignant ensuite ses greffes individuellement soit dans son jardin, soit dans un terrain mis à la dispo­ sition des syndiqués. Un effort considérable fut accompli aussitôt après 1919. Dans les villages vignerons que la guerre avait réduits en ruines, la première maison reconstruite fut parfois la chambre chaude du Syndicat viticole. Une difficulté très grande se soulevait en Champagne dans la recons­ titution du vignoble par la greffe. La vigne greffée, ainsi que l’avaient dé­ montrée des essais suivis par la Commission technique de l’AV.C. et par la Direction des Services agricoles de la Marne, ne pouvait s’accommoder du système de culture champenoise dans lequel on opérait comme nous le verrons plus loin, un véritable provignage annuel. Aussi fallait-il rem­ placer ce système de culture et de taille par d’autres pratiques permettant de conserver aux vins de Champagne leurs qualités exceptionnelles tout en assurant un rendement rémunérateur. Les efforts des viticulteurs cham­ penois orientés par la Direction des Services Agricoles d’une part, et la commission technique de l’A.V.C. d’autre part, se portèrent aussitôt sur ce point important. De nombreux essais de tailles suivis par la commission technique furent établis et étudiés dans leurs effets. Nous en exposerons plus loin les résultats en décrivant les pratiques culturales du vignoble champenois. Nous donnons en deux tableaux, d’après les statistiques, les surfaces en vignes greffées dans le département de la Marne depuis 1898. On peut se rendre compte en les étudiant du magnifique effort accompli par les vignerons champenois, rentrés bien souvent pourtant dans des villages dévastés deux fois en 25 ans et ayant eu à souffrir de méventes graves en 1921, 1922, puis de 1930 à 1940.

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