1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

INTRODUCTION rement des crédits bancaires et les ponctions formidables du fisc dans nos caisses ne provoquent, très bientôt, une crise aigüe de nos trésoreries. « Dans un ordre plus général, la tâche reste immense pour organiser ta Champagne. L’Association Viticole Champenoise en aura sa part avec la reconstitution du vignoble, la lutte contre les maladies de la vigne, l’amélioration des façons culturales. « A nos syndicats incombe le devoir de maintenir entre eux une entente permanente et de développer nos vente par une propagande bien conçue, en France comme à l’Etranger. Et par Syndicats, j’entends aussi bien celui du Commerce que le Syndicat général des Vignerons, à la tête duquel se trouve maintenant un homme jeune, énergique, aimant la terre de France, profondément épris de progrès social, mais qui sait appliquer ses théories avec tact et . discernement, et qui a eu le talent de faire comprendre à son entourage que ce ne sont pas les excès et la démagogie qui conduisent au succès. « Messieurs, il est inadmissible que la Champagne ne vende pas plus de bouteilles qu’un apéritif, le Byrrh par exemple, qui, avant la guerre de 39 expédiait à lui seul plus de litres que nous ne sortions — à nous tous — de bouteilles de Champagne. « Enfin, la question des prix du raisin se posera bientôt à nouveau. Nous sommes passés de 50 centimes en 1934 et de 4 fr. le kilog en 1939, à 70 fr. en 1946. Que sera l’avenir, et comment fixer le prix de 1947 ? Dès maintenant, des suggestions nouvelles, hardies, tentantes, à la fois mathématiques et poétiques, nous ont été présentées. Bien qu’il me paraisse difficile de mettre intégralement en équations les problèmes économiques où figure une inconnue troublante : le pouvoir d’achat de la clientèle, et bien que l’avenir fausse généralement les calculs étayés sur le passé, nous étudierons avec soin ces propositions, et avec le désir d’inciter le produc­ teur à nous vendre plutôt son raisin que du vin clair afin de recompléter nos stocks, si le prix de la vendange nous le permet, tout en portant au maximum la qualité. Elle seule — ne l’oublions pas, Messieurs — nous permettra de lutter avantageusement contre les mousseux étrangers qui nous battront toujours sur le chapitre des prix. * Cette concurrence augmente sans cesse, aussi bien en Amérique du Nord et du Sud, en Australie, en Russie, etc... Cependant, j’estime que nous pouvons avoir confiance en l’avenir. Comme me le disait jadis une brave vigneronne, fière de ses raisins, il n’y « est » qu’un Verzenay en France, et moi j’ajoute qu’il n’y a qu’une Champagne au monde. « Si nous savons produire assez largement des vins de qualité, nous devrons réussir et ne plus revoir les crises aigües dont nous avons tous souffert. A une condition toutefois, c’est de rester unis pour la défense de nos intérêts. « Messieurs, je ne veux pas vous faire un discours de Président du Conseil. Je ne suis que Président — très provisoirement, j’espère — du Conseil des Négociants en Vins de Champagne.

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