1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE bourgeon) et le sol, plus la sève a de peine à parvenir à cet organe. On ralentit donc la circulation de la sève lorsqu’on allonge la charpente de vieux bois qui sépare le pied de la souche des bourgeons. D’autre part, dans les sarments de l’année, les nœuds font subir aux vaisseaux du bois des rétrécissements, la diminution du diamètre des tubes est un obstacle beaucoup plus grand que leur longueur (1) et c’est pour cela que les tailles longues, en interposant des nœuds sur le parcours de la sève, en ralentissent bien plus vite la circulation que l’allongement des charpentes. 2° Par suite d’un phénomène que les botanistes appellent le Géotro­ pisme négatif, le bourgeon le plus élevé semble exercer une attraction spé­ ciale sur la circulation de la sève dans une souche, et par suite d’un phéno­ mène appelé Polarité, le bourgeon de Vextrémité d’un rameau jouit d’une propriété analogue. Si ces deux phénomènes sont difficiles à expliquer, ils sont au moins faciles à constater. Le plus souvent ils se confondent en un seul parce que le bourgeon de l’extrémité d’un sarment est en même temps le bourgeon le plus élevé. Mais dans certains systèmes de taille pourtant ils peuvent être séparés. Parfois les praticiens séparent le bourgeon de l’extrémité du bourgeon le plus élevé afin de ralentir la circulation de la sève ou pour répartir mieux la végétation. 3° La fertilité d’un bourgeon est d’autant plus grande qu’il reçoit moins d’eau pendant sa formation, au moins dans certaines limites. fertilité trent au moment de l’épanouissement du bourgeon et non pas le nombre de grappes récoltées, car s’il y a loin de la coupe aux lèvres, il y a encore plus loin de la sortie des grappes à la vendange. Si on examine successivement les bourgeons qui garnissent un sar­ ment depuis la base jusqu’au sommet, on voit que chacun de ces bour­ geons est formé en réalité par une réunion de deux ou trois petits bour­ geons, cachés sous des écailles feutrées; l’un de ces petits bourgeons débourre normalement et se développe. S’il est gelé ou brisé, les autres le remplacent, ce sont les contre-bourgeons. Les premiers bourgeons de la base, dans un cépage comme le Pinot, ne contiennent de grappes ni dans le bourgeon principal, ni dans les contre-bourgeons; ce n’est guère que vers le deuxième ou troisième nœud qu’on commence à en trouver d’abord Nous entendons ici par le nombre de grappes qui se mon-

(1) La vitesse de circulation d’un liquide dans un tube est en raison inverse de la longueur de ce tube et en raison directe de la 4? puissance de son diamètre.

144 —

Made with FlippingBook Online newsletter