1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE tains cas, en utilisant par exemple le premier et le deuxième principe, cher­ cher à augmenter en même temps la vigueur et la fertilité pour maintenir le rapport stationnaire. Dans certains vignobles avec certains cépages, on peut atteindre ce résultat en multipliant les coursons porteurs de fruits tout en diminuant leur longueur; dans d’autres, on se rappellera que les bourgeons des sommets sont d’une vigueur particulière et on concentrera à l’extrémité des charpentes les bourgeons choisis cependant parmi les plus fertiles. Dans les vignobles septentrionaux d’ailleurs, avec des cépages comme les Pinots ou sur des porte-greffes trop vigoureux, la vigueur peut devenir excessive et nuire elle-même à la qualité en gênant la maturité et l’accu­ mulation du sucre dans le grain. Lorsque le rapport Fertilité/Vigueur favorable au maximum de qualité est atteint, il est à craindre, si on conti­ nue à en diminuer la valeur en augmentant la vigueur, que la qualité ne diminue à nouveau. Ce principe démontre d’autre part que si, pour certains vins, l’aridité du sol est une condition à rechercher en vue d’obtenir les caractères et la qualité, celte condition n’est pas générale, surtout dans les vignobles septen­ trionaux où la surface foliaire doit être plus grande que dans les vignobles plus ensoleillés pour produire la même quantité de sucre ou d’autres pro­ duits nécessaires à la qualité. Sans connaître les principes tels qu’ils viennent d’être énoncés, les anciens vignerons les appliquaient parce qu'ils en avaient observé depuis des siècles les conséquences. Us avaient peu à peu adapté les systèmes de taille aux climats, aux sols, aux cépages et à la nature des vins qu’ils devaient obtenir. Sous un climat sec, la circulation de la sève est naturellement ralentie et la taille doit tendre à la favoriser en raccourcissant le chemin qu’elle doit parcourir, en supprimant les obstacles sur son chemin. Dans un pays humide et chaud, la végétation peut être exagérée à tel point qu’on soit obligé à étendre la longueur des vaisseaux du bois entre les bourgeons porteurs de grappes et le sol, voire même à multiplier les obstacles en allongeant la taille. Le sol augmente ou diminue l’action du climat. Quant au cépage, il a une action très nette sur la taille. Dans la même situation, un Gamay portera des grappes sur les bourgeons de la base des sarments et un Pinot n’en portera qu’au 3“ ou 4e bourgeon. Le maximum de développement des charpentes et de la taille de l’année doit s’appliquer évidemment aux conditions réunies d’un climat humide et doux, d’un sol fertile et frais, d’un cépage lui-même vigoureux dans un vignoble où l’on cherche à obtenir un vin de consommation cou­ rante. Le minimum de développement des souches et des tailles, inversement, doit se rencontrer sous un climat sec, en sol peu fertile et sec, avec un cépage peu vigoureux dont les grappes se montrent habituellement à la base des sarments.

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