1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

INTRODUCTION le milieu des Vignerons, on comprend qu'une période importante de l'his­ toire du vignoble de Champagne vient de prendre fin, qu'une autre com­ mence avec une tâche difficile à accomplir. Personne parmi les Champe­ nois n'a peur de l’évolution qui s’impose dans la société moderne, tant au point de vue technique qu’au point de vue social et au point de vue écono­ mique. Mais avec sagesse ont tient le plus grand compte des enseignements de la période qui vient de finir et pendant laquelle on a pu acquérir une expérience précieuse sur beaucoup de chose. Le livre que je présente à mes lecteurs expose surtout une documen­ tation réunie pendant que s’effectuait ce que les Champenois appellent maintenant « La première reconstitution », ce que M. BERTRAND de MUN, auquel la Champagne et tous les grands vins de France, doivent tant, appe­ lait un jour la « période héroïque ». Certains trouveront peut-être que cette documentation est parfois bien ancienne. L'auteur pense qu'en ce qui concerne les grands vins il est indispensable que la science vérifie avec beaucoup de soin les causes des traditions que des générations de vigne­ rons ont mises au point pendant des siècles, avant d’y apporter des modi­ fications importantes. Il est utile de s’en rappeler au moment où les peuples sont poussés par la nécessité à innover parfois avec audace. Le vignoble de Champagne aborde la période nouvelle avec calme parce que tous ceux qui travaillent à produire le plus grand vin mousseux du monde sont unis pour entreprendre d’y maintenir la prospérité. En 1919, alors que je prenais possession de mes fonctions de Direc­ teur de l’Association Viticole Champenoise, après les dévastations de la guerre de 1914-18, je prononçais des paroles que j’ai déjà rappelées- aux Champenois, mais que je n’hésite pas à reproduire encore ici. « Ainsi je viens d’exposer devant vous, Messieurs, un programme en accord avec les propositions budgétaires nouvelles qui vous sont soumises. Je vous ai précisé d’abord la gravité de la situation et, sans vous cacher les difficultés à vaincre, je vous ai fait comprendre, je l’espère, que l’effort nécessaire, s’il est énorme, n’est pas impossible. Mais l’union de tous est indispensable pour atteindre le but. Je sais que je parle à des convaincus. Pourtant, dans ce vignoble auquel nous sommes attachés tous, non pas seulement par les intérêts, mais aussi par le cœur, règne souvent encore un malentendu entre le grand commerce, représenté si noblement devant moi, et le vigneron. Beaucoup de vignerons ignorent les commerçants, et les commerçants en général ne connaissent pas assez les viticulteurs. Liés par des intérêts communs, poursuivant maintenant un même but élevé, le vrai commerce des Vins de Champagne et le vigneron qui lui livre raisins doivent se connaître, s’expliquer souvent et s'estimer. L'Associa­ tion Viticole Champenoise peut favoriser ce rapprochement sans- lequel elle risque d’être paralysée avant d’avoir pu mener à bien sa tâche. Tous, Mes­ sieurs, individuellement, je vous demande de vouloir bien l’y aider, ne vous laissant pas rebuter par l’abord un peu rude, mais franc, de qui cultivent nos ceps champenois. ses ceux

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