1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LA TAILLE DE LA VIGNE EN CHAMPAGNE « De 159 grammes par litre de moût, quand on ne conserve aucune feuille au-dessus des grappes des bourgeons fertiles, cette quantité s’élève jusqu’à 205 grammes lorsqu’on en laisse subsister 5, 6 ou 7. « Quand à l’acidité, on constate un phénomène absolument inverse; sa proportion diminue progressivement dans le moût au fur et à mesure que le nombre de feuilles augmente au-dessus des grappes. De 3.95, elle s’abaisse à 3,63 par litre de moût suivant que le pincement a été fait immé­ diatement au-dessus des grappes, ou que l’on a conservé 5, 6 ou 7 feuilles au-dessus de ces mêmes grappes. Comme nous l’avons fait observer rela­ tivement au sucre, la proportion d’acidité, dans le jus du Chasselas, ne varie plus à partir de la cinquième feuille. » De son côté, P. PACOTTET, qui a observé les effets du rognage en Bourgogne, écrit p. 263 de son livre « Viticulture » : « A la véraîson, les grappes des pampres écimés sont plus avancées; mais, au bout de peu de temps, celles des pousses témoins rattrapent ce retard. A la vendange, les résultats sont d’ordre différent : les branches pincées et rognées court, portant quatre ou cinq feuilles au-dessus du der­ nier raisin, présentent des grappes plus grosses, à grains plus nombreux que celles des pampres non écimés, mais dont la maturation est beaucoup moins parfaite. Seules les pousses écimées courtes, puis rognées à sept ou huit feuilles, c’est-à-dire portant dix feuilles au-dessus de la grappe, pos­ sèdent des raisins dont la maturité se rapproche de celle des témoins. En revanche, elles ont, sur ceux de ces derniers, l’avantage d’un poids bien plus grand, parfois double. Enfin, les branches^ écimées, mais rognées à six feuilles et plus, ont des fruits de même grosseur que les témoins, mais moins mûrs. « La richesse saccharine moindre et l’acidité plus élevée chez les rai­ sins écimés trop court tiennent à deux causes : 1° une insuffisance du nombre de feuilles et une surproduction qui n’est plus en rapport avec la surface foliacée; 2° une insolation trop intense qui cuit le grain. » Dans les expériences de M. RAVAZ, effectuées sur des cépages diffé­ rents en 1909, 1910, 1911 à MONTPELLIER, le rognage augmente la pro­ duction et diminue la richesse en sucre des moûts. Quoique le Pinot noir figure largement dans ces expériences, l’influence du climat méditerranéen, sous lequel justement le rognage n’est pas pratiqué, diminue beaucoup l’importance des résultats si on essaye d’en tirer des enseignements pour les vignobles du Centre, de l’Est et du Nord-Est. Pourtant, il nous semble intéressant de reproduire ici les conclusions de M. RAVAZ : « 1° Le rognage réduit l’importance relative des sommets parasites : effet utile qui se traduit par un accroissement de la production (réduction de la coulure, grossissement des grains de raisin, etc.). « 2° Son rôle va en diminuant et tend vers zéro depuis le débourre- ment jusqu’à l’arrêt de la végétation.

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