1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE des reprises inconnues jusqu’alors dans les jeunes plantations de ces porte-greffes, grâce à l’emploi judicieux des magasins préparés spécia­ lement. Nous avons réuni dans le tableau annexé à ce texte les résultats d'ana­ lyses effectuées, les unes par M. MUNTZ, à l’Institut National agrono­ mique, les autres par nous-mêmes, au Laboratoire départemental de CHA­ LONS-SUR-MARNE. Ce qui frappe dans les résultats de ces analyses c’est la pauvreté rela­ tive en principes fertilisants que compensaient les doses énormes répandues sur les vignes. Ainsi les magasins jouaient-ils autant le rôle d’amendements que le rôle d’engrais. Les terres utilisées sont en général si pauvres qu’on était stupéfait de constater parfois leur action incontestable sur la végé­ tation. On employait couramment par hectare 2 à 300 mètres cubes de maga­ sins au moment de la plantation, puis encore 300 mètres cubes au moment de l’assizelage. Ensuite on entretenait par des apports périodiques, tous les 3 ou 4 ans, variant, suivant les communes et la richesse du propriétaire, de 30 à 100 mètres cubes. Les magasins se préparaient en été en Août et Septembre, quand les travaux les plus absorbants de la culture de la vigne étaient terminés et avant de préparer les vendanges. Il y a dans nos communes viticoles champenoises, dans des carrefours de chemins en bordure de grandes par­ celles, des « places à magasins » pour se livrer à toutes les manipulations nécessaires. Avant de procéder à l’épandage des magasins on les soumet­ tait en effet à des recoupages soignés, de façon à rendre non seulement le tas homogène, mais aussi pour y favoriser les oxydations et solubiliser les éléments fertilisants. Dans une fort belle élude que présenta Paul DEPUISET à l’Associa­ tion Viticole Champenoise (« Vigneron Champenois » du 15 février 1924, p. 55) sur « Les composts ou magasins dans le vignoble champenois », l’auteur écrivait : « Or, l’assolement est impossible dans la culture de la vigne. Depuis des siècles, la même plante vit dans le même sol, augmentant sans cesse les’ toxines dans la terre arable et dans le sous-sol. Ces poisons entraînés dan le sous-sol sont soustraits à l’oxydation. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles il ne faut pas ramener brusquement ce sous-sol à la surface. « L’emploi du magasin apporte de la terre neuve piochée, pelletée, transportée plusieurs fois, brassée énergiquement, incorporée au sol par un labour ou un piochage profond, soumise à l’air, au soleil, à la gelée, à l’humidité, aux réactions physiques et chimiques, débarrassée des toxines, des poisons, donnant par conséquent à la vigne déprimée et souffrante, des éléments fertilisants, solubles, assimilables. Il se traduit certainement par un regain de végétation plus exubérante. « Quand à la culture des micro-organismes utiles, ce n’est pas à des

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