1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE combien les conseils relatifs au choix des vins « à flanc de coteaux » sont encore judicieux de nos jours. Dans L'Histoire de l'Eglise de REIMS , FLODOARD indique que la vendange de 929 était terminée au mois d’août, ce qui indique à cette époque une maturité très précoce. Puis vint l’époque des croisades. Le Pape URBAIN II prêche la deuxième à CHATILLON-SUR-MARNE où s’élève de nos jours sa statue monumentale dominant les vignobles de la Vallée de la Marne où il était né (xF siècle). Les congrégations, qui recueillaient des biens cédés par les seigneurs partant combattre en Palestine, commencèrent à développer leurs vignobles et il semble qu’elles aient à partir de cette époque joué un rôle important dans l’étude du vignoble et de ses vins dont elles orientaient la qualité. La réputation des vins de Champagne grandissait aux xvie et xvn° siècles au point d’engager les rois de France à y posséder des vignobles. Peut-être i'es quantités importantes de vin de Champagne qui se buvaient à REIMS au moment de leur sacre leur laissaient-elles un excellent souvenir. AY surtout semble avoir représenté bien souvent dans l’histoire les grands vins de Champagne. CHARLES IX, HENRI IV y furent propriétaires de vendan- geoirs. En 1672 le Marquis de SAINT-EVREMOND écrivait au Comte d’OIonne : < N’épargnez aucune dépense pour avoir des vins de Cham­ pagne, fussiez-vous à deux cents lieues de PARIS. Il n’y a point de pro­ vince qui fournisse d’excellents vins pour toutes les saisons que la Cham­ pagne. Elle nous fournit les vins d’AY, d’AVENET, d’AUVILLE jusqu’au Printemps; TESSY, SILLERY, VERZENAY pour le reste de l’année. Si vous me demandez lequel je préfère de ces vins, sans me laisser aller à des modes de goût qu’introduisent de faux délicats, je vous dirai que le bon vin d’AY est le plus naturel de tous les vins, le plus sain, le plus épuré de toute senteur de terroir, d’un agrément le plus exquis, par le goût de pêche qui lui est particulier, et le premier, à mon avis de tous les goûts. » Ne doit-on pas admirer la finesse de goût du marquis de SAINT- EVREMOND, qui adaptait si bien les grands crus de la Vallée de la Marne à la saison d’hiver parce qu’ils apportaient leur degré alcoolique élevé, leur corps; et qui conservait les grands crus de la Montagne de REIMS pour la saison d’été parce qu’il y trouvait plus de fraîcheur. D’après MOREAU-BERILLON d’ailleurs, SAINT-EVREMOND aurait droit à la reconnaissance des Champenois, car ayant encouru la disgrâce du roi de France il se réfugia en Angleterre, où il devint le favori de CHARLES II. Introduisant à la Cour les bonnes manières de boire et de manger, il y mit en honneur les vins de Champagne. Il semble bien que jusqu’au xviF siècle les vins de la Champagne étaient des vins rouges ou rosés. On lit dans la « Maison Rustique », écrite en 1658 : c Les vins d’AY sont clairelets et fauvelets, subtils et d’un goût fort agréable au palais. » De son côté, le Chanoine GODINOT écrivait en 1718 : « Il est vrai

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