1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE base de chaux hydraulique et de mâchefer, laissant un anneau vide autour de chaque souche pour assurer la pénétration des eaux de pluie, il colora cette parcelle bétonnée 1/3 en blanc, 1/3 en rouge ocracé, 1/3 en noir. A côté se trouvait des témoins à sol nu cultivés comme d’habitude. Et RAVAZ écrit (« Progrès Agricole et Viticole » du 26 Avril 1908, p. 500) : « Ainsi les badigeonnages rouge et noir ont presque doublé la vigueur de la souche. Cette influence qui a été mise en lumière non seulement par les pesées, était aussi évidente à la vue. Le débourrement s’est effectué dans tous les carrés en môme temps, mais bientôt la végétation des carrés rouge et noir l’a emporté sur celle des témoins; elle s’est continuée aussi plus longtemps. La végétation du carré blanc a été bientôt en retard, non seulement sur celle des carrés colorés, mais encore sur celle des témoins. La croissance des rameaux y a été lente, les feuilles pâles jusqu’à l’époque des fortes chaleurs; elle s’est aussi continuée plus longtemps. « Fructification. — La floraison s’est effectuée à la même date dans tous les carrés; mais tandis que la coulure s’est produite sur le noir et le rouge, elle a été nulle sur le blanc dont les grappes à la vendange étaient très compactes. Il semble que la coulure soit en relation étroite avec la vitesse de croissance des rameaux; et peut-être cette relation peut-elle contribuer à mettre en lumière les raisons pour lesquelles tel cépage est placé de préférence dans les sols de couleur pâle et tel autre dans les sols colorés. » Les expériences de RAVAZ nous ont permis d’attribuer surtout l’action indéniable des cendres noires sur la végétation de la vigne à la coloration qu’elles communiquent au sol. Elles noircissent celui-ci tout d’abord, puis elles s’oxydent et deviennent rouges, et le rouge comme le noir contribue d’après RAVAZ à agir utilement sur la végétation, et non sur la fructifi­ cation. Peut-être existe-t-il en outre une action encore inexpliquée provenant de corps existant en faibles quantités dans les cendres noires comme nous en avons signalé déjà dans l’emploi des terres extraites du tertiaire pour préparer les « magasins ». Les cendres noires sont souvent utilisées seules. Elles entrent aussi quelquefois dans la confection des « magasins » ou composts. On les uti­ lise parfois directement provenant de l’extraction, parfois après les avoir exposées à l’air pendant un certain temps pour provoquer l’oxydation des pyrites et permettre aux lignites de subir une certaine combustion qui en fait des cendres rouges ou « cendres brûlées ». Si on veut bénéficier du peu d’humus et de principes fertilisants qu’elles contiennent, il vaut mieux les employer avant oxydation. Mais il semble bien que leur rôle fertilisant est secondaire... Peut-être est-il intéressant de remarquer que les cendres noires sont surtout employées dans la Montagne de Reims où règne le Pinot noir et qu’on ne s’en préoccupe guère dans la région où est cultivé habituellement le Pinot blanc Chardonnay.

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