1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

Nous avons exposé, en décrivant les procédés de culture en usage dans les anciennes vignes avant leur destruction par le phylloxéra, com­ ment se travaillait le sol à cette époque. La reconstitution du vignoble par la greffe en obligeant à abandonner le système qui consistait à coucher chaque année la souche en terre, à modifié obligatoirement le travail du sol qu’il a fallu adapter aux nouvelles conditions présentées par le vi­ gnoble. Les Champenois ont dû s’inspirer de ce qui était en pratique dans d’autres régions viticoles se rapprochant de la Champagne. Labours, binages, sarclages, sont des opérations aratoires qui se con­ fondent parfois dans l’esprit des vignerons, mais il n’est pourtant pas inutile de bien établir les différences qui existent entre elles tout au moins en principe. Le Labour est une opération qui consiste à retourner le sol, plus ou moins complètement, sur une profondeur variable de telle sorte que ses parties profondes soient ramenées à la surface. Il résulte de ce maniement du sol un état de division mécanique qui expose davantage ses particules à l’action de l’air et des influences météorologiques. Le retournement favorise cette action en ramenant en contact direct avec l’air les parties enfouies par le labour précédent. En Champagne, où la gelée sévit, les alternatives de gel et de dégel font éclater les mottes déjà divisées pendant (le labour et complètent l’ameublissement. Les débris de roches qui contiennent des éléments fertilisants tels que la potasse ou l’acide phosphorique passent peu à peu à un état de division plus grand et cèdent aux eaux du sol qui les dis­ solvent lentement, les aliments minéraux utiles aux récoltes et fournis gratuitement par la nature. Les matières organiques, dispensatrices de l’azote, se transforment plus vite en nitrates sous l’influence de l’oxy­ gène de l’air qui pénètre entre les particules du sol jusqu’à la profondeur où se poursuit l’œuvre du soc de la charrue. Sur la terre remuée, dans le sillon qui ouvre le chemin aux eaux, la pluie s’infiltre au lieu de ruis­ seler. Eln cas de besoin cependant une déray.ure. bien placée et bien orien­ tée écoule les excédents et combat l’humidité trop abondante que le sol ne peut plus absorber.

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