1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE Il faut aussi signaler que le labour permet d’enfouir les engrais volu­ mineux, qui se dessécheraient à la surface du sol en perdant leurs prin­ cipes actifs avant d’avoir subi les transformations permettant leur uti­ lisation par les plantes. Enfin il enterre aussi au fond de la raie, par le mouvement de retournement du sol, de mauvaises plantes adventices qui sont ainsi détruites. Le binage est une opération qui consiste à ameublir la surface du sol sur une faible profondeur en brisant la croûte qui se forme sous l’in­ fluence des pluies ; surtout si elles sont violentes, et d’autant plus qu’elles sont suivies de chaleur ou de vents desséchants. Le binage permet à l’air de continuer à pénétrer doucement dans le sol ameubli que recouvre parfois dans les terres battantes une croûte imperméable. Il permet même une certaine action de l’humidité de l’air au moment des condensations nocturnes. Mais son rôle le plus important consiste en été à retenir dans le sol, qu’il recouvre d’une poussière de terre d’autant plus meuble que les opérations de binage ont été plus ré­ pétées, l’humidité qui tend à remonter par capillarité jusqu’à la surface où elle s’évapore. Quant au sarclage, c’est une opération qui consiste à arracher les mauvaises herbes envahissant une culture, à les détruire. En pratique le sarclage se confond le plus souvent avec le binage, car celui-ci détruit les herbes en ameublissant le sol à sa surface, et suivant les cas l’une ou l’autre des opérations l’emporte en importance. Sous les climats secs, on bine plus qu’on sarcle. Dans les pays humides on sarcle plutôt qu’on ne bine. Encore faut-il tenir compte des conditions météorologiques de l’année qui peuvent transformer un climat sec en le rendant humide et vice-versa. Ces observations amènent le cultivateur ou le viticulteur à pouvoir modifier au besoin les fers fixés sur l’appareil qui lui sert à effectuer les binages, afin de couper mieux les herbes lors­ que celles-ci ont été favorisées par la pluie. Avec les instruments modernes le labour lui-même est parfois rap­ proché du binage. Certaines charrues polysocs très légères effectuent nor­ malement des labours de quelques centimètres seulement. Il s’agit d’un labour puisque la terre est retournée, et pourtant la profondeur très faible tend à classer l’opération comme un binage dont elle cherche d’ailleurs à obtenir les effets. Avec des instruments à dents flexibles d’acier très ré­ sistants qu’on désigne couramment aujourd’hui par le qualificatif de « ca­ nadien » on peut faire à volonté des binages très superficiels, ou par des passages successifs à profondeur progressive fouiller le sol comme par un la­ bour. L’opération est trop profonde pour être un véritable binage, et pour­ tant elle ne peut être assimilé à un véritable labour puisqu’elle ne verse pas la terre. Ces considérations étaient sans doute utiles pour rendre plus clair l’exposé qui suit : — 214