1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz
LA CULTURE DU SOL DANS LE VIGNOBLE DE CHAMPAGNE Dans les différents vignobles de France, il s’est établi de longue date des traditions en ce qui concerne les façons aratoires. Mais partout nous retrouvons les labours en tête des façons culturales. Ces labours, pour pouvoir verser la terre procèdent par buttage et déchaussage des lignes de souches. Dans les vignobles septentrionaux, on butte avant les grands froids et on déchausse après que ceux-ci sont passés. Dans la Côte d’Or on donne le premier labour en buttant les souches, depuis novembre jusqu’à janvier. On laboure à nouveau, mais en déchaus sant, après la taille, et à partir de février jusqu’à fin mars, suivant les an nées. Viennent ensuite trois binages superficiels, le premier de fin mars à avril, le second de mai à juin, le troisième de juillet au commencement d’août. Les pratiques culturales sont à peu près les mêmes dans la côte châlonaise. A Chablis, en Basse-Bourgogne, les labours s’exécutent plus tard, mais dans l’ordre de la Haute-Bourgogne. Le labour d’hiver ou buttage n’est guère appliqué qu’en fin de janvier ou en février. On l’appelle aussi « ruel- lage » parce qu’avec l’écartement adopté dans le pays (0.90) le buttage trace une ruelle au milieu de l’interligne. On déchausse lorsque les gelées de printemps ne sont plus guère à craindre, vers le 15 mai. Un premier bi nage suit en juin ou au début de juillet, lorsque les vignes^ sont accolées aux échalas ou aux fils de fer, puis un second binage en août. C’est à peu près la même méthode suivie dans tous les principaux crus de la Vallée du Serein dans l’Yonne. Si nous essayons de faire un rapprochement entre ces différentes mé thodes régionales et les façons aratoires en usage dans les vieilles vignes françaises de nos coteaux champenois, nous sommes amenés à constater tout d’abord que le système de taille était tellement lié avec le labour que celui-ci ne pouvait s’exécuter avant que la taille soit finie. En effet, aussitôt que les vignerons, ou plutôt les vigneronnes, avaient taillé les broches des tinées à porter la récolte à la longueur convenable, et qu’on ne voyait plus au-dessus du sol, dont les échalas étaient enlevés, que de petits bras de souches comprenant chacun une longueur de 0,25 à 0,30 de bois de deux ans surmontée d’un sarment taillé à trois ou quatre yeux suivant les crus, la bêcherie commençait. Le sol était tenu complètement par un labour ré gulier dont la jauge s’avançait méthodiquement dans la vigne ; mais, à chaque broche rencontrée par le laboureur, une opération se pratiquait qui a caractérisé à elle seule le vrai vignoble champenois. La petite souche cou chée dans la jauge du labour, ne laissait dépasser au-dessus du sol que le bois de l’année. La pratique spéciale que nous venons de rappeler ne détruisait pas ce pendant le caractère très net du labour qui s’accomplissait en même temps, car la terre ameublie par la pioche, le croc ou le hoyau, était en même temps retournée. J’ajoute que la terre, quoique labourée à plat, recouvrait
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