1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE sérieusement la souche dans celle sorte de provignage annuel, et il y a presqu’assimilation à faire aussi avec le buttage. Mais c’était le seul labour véritable de l’année, car il n’y avait pas de déchaussage possible. La bêcherie terminée en avril, lorsque les circons­ tances météorologiques permettaient un travail normal, n’était suivie en­ suite que par des binages. Il convient de remarquer que la bêcherie était un labour très minu­ tieux. qui pouvait dispenser du second labour pratiqué dans la plupart des vignobles, second labour impossible étant donné la position prise dans le sol par les petites souches qui s’y fixaient. D’ailleurs le second labour par­ tout où il est pratiqué parait bien justifié surtout par la nécessité de re­ mettre le sol à plat après le labour d’hiver qui en a détruit l’horizontalité. On a soulevé il y a déjà longtemps la question de la suppression des véritables labours dans les vignes, et même on a proposé parfois la sup­ pression totale des labours et des binages. M. OBERLIN qui dirigeait alors l’Institut viticole municipal de COL­ MAR, a écrit dans le « Journal d’Agricullure pratique » du 5 décembre 1901 : « A Beblenheim, un propriétaire a omis pendant quarante ans de pio­ cher une vigne de 20 ares qu’il possédait. Cette omission n’est pas imputa­ ble à sa négligence ; il a voulu montrer que le travail le plus pénible dans la culture de la vigne, le labour, est inutile. Mais si KERLER, c’est ainsi que s’appelait ce vigneron, n’a jamais pioché sa vigne, il la débarrassait soi­ gneusement des mauvaises herbes, en sorte qu’à aucune époque on ne voyait dans sa propriété la moindre trace d’herbe. « Les résultats obtenus sont fort remarquables ; pendant quarante ans KERLER a eu des vendanges plus abondantes que ses voisins, bien que pendant ce temps il n’ait jamais donné d’engrais à sa vigne... » RAVAZ a poursuivi de 1900 à 1904 des expériences sur ce sujet dans le vignoble de l’Ecole de MONTPELLIER. Elles ont confirmé un excédent de récolte dans la parcelle raclée. Le dosage de l’humidité dans le sol a montré que sous ce climat très sec le maintien de l’humidité avait été le même dans les parties labourées et dans les parties simplement râclées. Nous avons nous-mêmes poursuivi pendant quelques années des es­ sais dans les vignes d’expérience du Laboratoire départemental de Châ- lons. Ces essais ont confirmé par la pesée des récoltes les essais méridio­ naux de RAVAZ. Mais nous avons observé que pour obtenir une vigne en parfait entretien, il était nécessaire avec la culture superficielle de biner deux fois plus souvent au moins que dans la parcelle ayant reçu un labour d’hiver. OBERLIN nous signale bien que le vigneron KERLER enlevait soigneusement les herbes. Mais il ne nous précise pas comment il s’y pre­ nait pour arriver à ce résultat sous, le climat septentrional d’Alsace où, comme en Champagne, les herbes se développent en été dans les vignes. Si

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