1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz
LA CULTURE DU SOL DANS LE VIGNOBLE DE CHAMPAGNE les binages sans labours doivent être plus nombreux ils sont aussi plus difficiles à exécuter. RAVAZ a montré des photographies de racines de vignes remontant à la surface du «sol non labouré. C’est à cause de ces racines que les par tisans du simple raclage combattent les labours qui, disent-ils, sont sus ceptibles de les détruire. A vrai dire les labours d’hiver pratiqués dans les vignes ne sont pas très profonds. Ils ne dépassent guère 10 centimètres, et s’exécutent à l’épo que du repos de la vigne. II semble que les quelques radicelles coupées dans ces conditions peuvent être vite remplacées au printemps. 'Les labours ont l’avantage de créer une certaine épaisseur de terre ameublie dans laquelle les instruments aratoires exécutant ensuite les bi nages et les sarclages trouvent une assise leur permettant d’effectuer mieux leur travail. Sans être hostile à la méthode de culture du sol qui supprime les la bours véritables dans les vignes et qui peut avoir sa place dans certaines situations, nous avons toujours conseillé en Champagne de combiner les labours légers d’hiver avec les binages superficiels d’été en nous rappro chant autant qu’il est possible des vieilles coutumes culturales. Le premier labour s’exécute en hiver, avant la fin des grands froids qui contribuent à l’ameublissement du sol. Bien entendu ce premier labour est exécuté en chaussant la vigne. Il forme au milieu de l’interligne une ruelle qui éloigne les eaux du pied des souches dans les terres fortes, et qui peut servir à l’épandage des fu miers et engrais. Il pourra être de profondeur relativement faible, huit à dix centimètres, lorsqu’on ne fumera pas la vigne, et atteindra douze et même quinze centimètres si l’on fume avec du fumier ou du compost (ma gasin). Effectué avec un buttoir qui trace le sillon au milieu de l’interligne, il convient de remarquer que ce labour, en buttant les souches, ne tranche le sol à une certaine profondeur, en risquant de couper les radicelles, que dans le milieu de l’intervalle, entre les lignes. Le sol étant disposé en ados, subit beaucoup mieux l’action des gelées. C’est là un point très important. On obtient ainsi un ameublissement ma ximum et l’effet du froid sur la te_rre n’entraîne aucune dépense supplé mentaire. L’oxydation des matières organiques, et d’une façon générale l’aération du sol, sont aussi augmentées. On aurait intérêt à effectuer le labour d’hiver assez tard, à l’époque ha bituelle de la bêcherie ou à partir de fin janvier. Ainsi le sol, remué plus tard, resterait plus longtemps propre, ce qui pourrait permettre, comme on le fait à Chablis, de reculer le second labour et de gagner, en certaines années tout au moins, un des binages. Mais il faut tenir compte du temps qui n’est pas toujours favorable en Champagne, de la main-d’œuvre qui fait souvent défaut, et même des hivers exceptionnellement rigoureux.
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