1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz
LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE Aussi est-il plus prudent de conseiller de commencer l’exécution du labour d’hiver à partir de novembre. Le second labour n’a pour but que de remettre le sol à plat en repre nant la terre jetée sur la ligne des souches par le buttage. Sans cette né cessité il pourrait fort bien être remplacé par un binage. Sa profondeur peut donc être assez faible. Il suffit que la charrue déchausseuse, mordant un peu dans la terre ferme sous la butte, le long des souches, puisse ren verser dans la ruelle ouverte au moment du buttage la terre qui en avait été retirée. Six centimètres suffisent bien souvent, lorsque le labour d’hi ver lui-même n’a pas été trop profond. La bande de sol située sous la ligne des souches n’a pu être travaillée par le labour d’hiver qui s’est contenté de la recouvrir de terre. Le labour de déchaussage ne peut pas non plus l’attaquer, car la charrue déchaus seuse doit passer forcément à une certaine distance des souches. On la cul tive encore souvent à la pioche aussitôt la déchausseuse passée, complétant ainsi cette opération. Il est plus économique d’adjoindre un intercept à la charrue, et cet instrument donne une façon superficielle sous les charpen tes, pendant que le versoir rejette la terre de la butte dans la ruelle. Quant à l’époque du labour de déchaussage, nous le plaçons au prin temps. Mais il est indispensable de l’exécuter soit avant la période des ge lées printanières, soit immédiatement après, en se rappelant bien que tout labour favorise les effets de la gelée blanche. Nous avons vu qu’à CHABLIS, on attend que celle-ci ne soit plus à craindre pour déchausser les souches. Cette attente amène le vigneron jusqu’au 15 mai. C’est l’époque des premiers sulfatages qui peuvent être retardés de ce fait. Il faut en ou tre avoir butté assez tard si on veut que la terre tienne jusque-là sans trop s’enherber. Nous préférons voir le déchaussage s’effectuer en mars, avant le départ de la végétation, de telle sorte que le sol soit nettoyé des herbes dangereuses en cas de gelées, et qu’il n’ait pas non plus à être fraîchement remué tant que la vigne est sous la menace des refroidissements printaniers, niers. En principe les binages s’effectuent lorsque la vigne en à besoin, soit parce que sa surface a été tassée par des pluies violentes suivies de coups de soleil ou de vent, soit parce que l’humidité suivie d’un temps doux a provoqué le développement des herbes. Mais il est de vieilles remarques dont les vignerons doivent continuer à tenir compte. Il est bon d’éviter de travailler le sol des vignes pendant la floraison, car on peut ainsi favoriser la coulure. Après la véraison, il semble que les façons aratoires sont des aides de la pourriture grise, que les mauvaises herbes favorisent aussi d ‘ailleurs. Le premier binage des anciennes vignes champenoises, qui était ef fectué après le fichage des échalas, est en quelque sorte remplacé par le labour de déchaussage. Néanmoins les praticiens champenois estiment en
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