1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz
LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE
La bouillie bourguignonne passe beaucoup plus facilement dans les pulvérisateurs. Mais sa composition est sujette à varier suivant la tempé rature à laquelle on opère. Même neutre, elle contient souvent du cuivre soluble, et elle brûle plus facilement les organes de la vigne que la bouillie bordelaise. Par température élevée, elle se décompose parfois en virant au vert et perd ainsi de son efficacité. Il convient donc de la préparer au fur et à mesure de l’emploi, et d’éviter surtout d’en avoir le soir un excès à utiliser le lendemain. Certains Champenois, pour diminuer ces inconvénients, ajoutent un peu de lait de chaux à la bouillie bourguignonne après qu’elle est préparée à neutralité et font ainsi une bouillie un peu plus alcaline. C’est un procédé que conseillait notre collaborateur DEPUISET qui était en même temps professeur et viticulteur. Pour augmenter le pouvoir mouillant sur les grappes, on a expéri menté en Champagne, il y a bien longtemps, les bouillies au savon. M. Gus tave PHILIPPONNAT a fait avec elles de nombreux essais à AY, tant au point de vue de leur préparation que de leur emploi. Si les bouillies au savon mouillaient bien, elles étaient difficiles à préparer, et elles agissaient assez défavorablement sur la végétation, provoquant la coulure des grappes et un retard dans la maturité (DEPUISET. Les bouillies dans la lutte contre le Mildiou, « Vigneron Champenois 1927, p. 144). Actuellement, on préfère ajouter aux bouillies cupriques des produits mouillants du commerce : Adhésol, Adhésif, préparés avec de la bile de bœuf ou de l’alcool terpénique. Le pouvoir mouillant augmente l’efficacité et en même temps l’adhérence. On trouve évidemment en Champagne, comme en d’autres régions, des bouillies toutes préparées dont la poudre peut être dissoute au moment de l’emploi. C’est une grosse simplification de main-d’œuvre et beaucoup moins de souci pour le viticulteur. Mais alors il s’agit de marques vis-à-vis desquelles on comprendra notre réserve, car elles n’ont pas toutes la même valeur. Les Champenois préfèrent en général faire leurs bouillies eux-mêmes, comme ils font eux-mêmes leurs racinés greffés, et nous les avons toujours approuvés. Le Verdet neutre a eu jadis quelques faveurs auprès des viticulteurs champenois. Dans la situation du marché des sels de cuivre, il n’est plus guère employé. L’oxychlorure, plus jeune, s’est montré moins régulière ment actif. 'Les essais poursuivis depuis la libération de la Champagne par la Station de recherches d’EPERNAY confirment d’ailleurs, quoique les années 1944, 1945 et 1946 ne soient guère des années à Mildiou, que les Champe nois ont de bonnes raisons de rester fidèles au sulfate de cuivre pour com battre le Mildiou, comme au soufre pur pour combattre l’Oïdium ( Vigne ron Champenois) . Nous indiquons en traitant de l’Oïdium, puis en traitant de la Cochylis et de l’Eudémis en Champagne, comment on peut préparer des bouillies mixtes permettant de lutter contre différents parasites en un seul traitement.
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