1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

ë

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE

pagne, assez rapidement. C’est sous la forme très résistante de chrysalides que les Cochylis sont, dès les premiers froids, à l’abri des intempéries. Le cycle de l’Eudémis est très analogue à celui de la Cochylis. Les papillons de la première génération apparaissent un peu plus tard au prin­ temps. Tandis que les papillons de Cochylis volent en pleine nuit, ceux de l’Eudémis sont plutôt actifs au crépuscule et à l’aube. Mais c’est surtout à la fin de la deuxième génération que se produit une différence très importante. Les chenilles évoluent plus vite que celles de la Cochylis. Dès la fin août, elles se transforment encore en chrysalides dans des cocons abrites sous les replis des feuilles, puis en papillons qui pondent leurs œufs sur les grains de raisin, pour une troisième génération. Cette troisième génération exerce ses ravages sur les grains mûrs et prend ses quartiers d’hiver à la fin des vendanges. On en conçoit facilement toute l’importance. Les conditions météorologiquse qui sont favorables aux deux espèces ne sont pas les mêmes. Ceci permet d’expliquer comment, lorsqu’elles coha­ bitent dans un même vignoble, l’une peut être favorisée au détriment de l’autre. Les observations précises de M. le Docteur FEYTAUD, en Gironde (Recherches sur l’Eudémis et la Cochylis dans le Bordelais, Annales des Epiphijtres, t. VII). Celles de MOREAU et VINET en Anjou (L’évolution de la Cochylis et de l’Eudémis, Revue de Viticulture, 1924, t. 1). ont net­ tement établi que la Cochylis a besoin pour assurer le développement de sa génération d’été d’une chaleur modérée et d’une certaine humidité. Une température élevée avec soleil au moment du vol des papillons a toujours été considérée par les viticulteurs champenois comme le meilleur des traite­ ments contre îa Cochylis. Ceci explique aussi pourquoi la Cochylis est favorisée par des étés pluvieux comme 1908, 1910, 1924, 1927. Souvent, hélas! elle complète, en Champagne, l’action du Mildiou. L’Eudémis ne souffre pas, à beaucoup près, comme la Cochylis des grandes chaleurs et de la sécheresse. Elle a besoin, en outre, pour assurer sa troisième génération, d’un bel automne chaud et sec. Si ces conditions se trouvent remplies pendant plusieurs années, l’Eudémis peut se substi­ tuer à la Cochylis. La Champagne réunit souvent des conditions défavora­ bles à l’Eudémis, surtout en ce qui concerne sa troisième génération. Mais il n’en est pas moins nécessaire de surveiller ce collaborateur dangereux de la Cochylis.

PROCÉDÉS DE LUTTE CONTRE LA COCHYLIS ET L’EUDEMIS

Les différents procédés de lutte qui ont été ou sont encore utilisés contre la Cochylis et l’Eudémis peuvent se classer tout d’abord en traitements d’hiver et traitements de printemps ou d’été. Les traitements d’hiver cherchent à détruire les chrysalides de Cochylis

— 272 —