1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz
LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE
res ». On enfermait les moyères sous des cloches et on y brûlait du soufre. Après un séjour de quarante à cinquante minutes, les chrysalides étaient détruites. Avec un jeu de six à huit cloches et cinq hommes on pouvait traiter un hectare en trois ou quatre jours et ce traitement était beaucoup moins coûteux que l’échaudage des échalas. Mais il en est de ce procédé comme de Péchaudage. Il ne peut être question de sulfiter les souches qui ne sup portent pas assez longtemps elles-mêmes l’anhydride sulfureux pour que les chrysalides soient tuées, et l’exécution du traitement est matériellement impossible dans les plantations denses de Champagne, surtout avec des fils de fer. Le clochage des moyères a disparu lui aussi avec la vieille vigne champenoise. Il est un procédé de destruction mécanique qui a été souvent employé dans le Midi où il a donné jadis des résultats encourageants, c’est le décor - ticage des souches avec des instruments divers. Les chrysalides installées entre les lanières d’écorces sont arrachées avec celles-ci, très fréquemment froissées pendant l’opération; VALERY-MAYET estimait à 999 pour mille la proportion de chrysalides détruites par simple exposition à l’air ( Pro grès Agricole et Viticole, 1904, t. 1, p. 167). Le décorticage demande beaucoup de main-d’œuvre, car il doit être exécuté avec soin. Il est vrai que c’est un travail qui se répartit sur une assez longue période d’hiver. D’autre part tous les expérimentateurs sem blent d’accord pour reconnaître que l’écorçage n’a pas besoin d’être renouvelé tous les ans, les écorces supprimées mettant quelque temps à se reformer assez pour servir d’abri suffisant aux chrysalides. Quoiqu’il en soit, le décorticage des souches pratiqué par quelques viticulteurs n’a jamais pris d’extension en Champagne. Quant aux badigeonnages insecticides d’hiver, qui sont utilisés avec succès contre la Pyrale, ils ne donnent que des résultats très insuffisants contre les chrysalides de Cochylis ou d’Eudémis. Tous les traitements d’hiver ont d’ailleurs, surtout dans un pays comme la Champagne où les parcelles de vignes sont généralement assez étroites et intercalées, un inconvénient assez sérieux. Leurs effets sont sou vent anéantis par les papillons des générations successives qui viennent de parcelles non traitées envahir les souches défendues. Sans doute faut-il surtout attribuer à cette constatation l’habitude prise de s’adresser dans la lutte contre la Cochylis et l’Eudémis aux traitements de printemps et d’été qui sont d’ailleurs susceptibles d’être exécutés en même temps que les traitements anticryptogamiques sans augmenter consi dérablement la main-d’œuvre que ceux-ci demandent. Nous ne saurions mieux faire pour réunir toute la documentation néces saire concernant les traitements de Printemps et d’Eté que de résumer ici l’organisation de la lutte telle qu’elle fut réalisée dans les grands crus de Champagne en 1927 contre la Cochylis, sans contrainte et dans une belle entente entre les viticulteurs et les maisons de vins de Champagne. L’am pleur de ces essais a permis d’en tirer des conclusions sérieuses. — 274 —
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