1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LES MALADIES DE LA VIGNE EN CHAMPAGNE elles se laissent glisser au bout d’un long fil et gagnent ainsi les écorces des souches, les fissures des échalas, où elles se construisent un fourreau de soie blanche. C’est dans cet abri qu’elles vivent sans bouger et sans rien manger jusqu’au printemps. Aussitôt que les bourgeons s’ouvrent, ces petites chenilles sortent de leur sommeil hivernal. Elles commencent par tendre des fils entre les petites feuilles et les grappes des bourgeons. Il en résulte pour elles un abri à l’intérieur duquel elles accomplissent leurs destructions. A mesure que la vigne se développe, elles changent leurs stations, passant dans les feuilles plus élevées. En tissant leurs abris, elles déterminent des plissements carac­ téristiques, englobent des grappes dont elles gênent le développement. Attaquant les pétioles des feuilles ou le pédoncule des grappes, les chenilles en entraînent la mort et les abandonnent pour recommencer leurs dévas­ tations en d’autres points. Tous les dix ou douze jours, les chenilles de Pyrale changent de peau. Après la quatrième mue, elles mangent encore pendant huit ou dix jours, puis se transforment en chrysalides. Leur vie de chenilles, depuis le moment où elles quittent leurs quartiers d’hiver, dure une cinquantaine de jours. Nous avons vu que les papillons ne mangent pas, leur seule fonction étant la reproduction de l’espèce. Les petites chenilles, après leur éclosion en août, se dirigent presque immédiatement vers leurs quartiers d’hiver où elles s’endorment jusqu’au printemps. C’est donc seulement pendant les deux mois de vie active des chenilles que l’espèce s’alimente et accumule des réserves. Ceci explique l’importance des dégâts commis en si peu de temps. Comme la plupart des insectes parasites, la Pyrale ne redoute guère les froids d’hiver. ANDRIl signale que pendant l’hiver de 1879-1880 on a constate dans les vignobles de Bourgogne des froids de — 25° à — 30° et que, néanmoins, les pyrales furent très abondantes au printemps suivant. (ANDRE : Les parasites et les maladies de la vigne, BEAUNE 1882). C’est d’autant plus remarquable que les petites pyrales sont à l’état de chenilles et non pas sous la forme de chrysalides. Les gelées printanières qui sévissent sur les petites chenilles en activité sont plus redoutables pour elles. AUDOIN a écrit en 1838, dans les annales de la Société d’Agriculture de LYON : « A cette époque, les chenilles sorties de leur retraite d’hiver deviennent aussi sensibles au froid qu’elles l’étaient peu auparavant. « Ayant commencé à prendre de la nourriture, elles ne peuvent plus s’en passer, de telle sorte que les gelées tardives leur sont fatales de deux façons : action directe sur elles-mêmes et destruction des feuilles qui les nourrissent ». Les chenilles supportent bien les pluies, étant bien abritées dans les feuilles. Les papillons craignent davantage les pluies d’orage que les papil­ lons de Cochylis. — 289 —

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