1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE

Il importe de combiner la lutte en tenant grand compte de ce cycle, et l’Association Viticole Champenoise, agissant d’ailleurs en accord avec la Direction des Services Agricoles de la Marne, n’a pas manqué d’attirer l’attention des viticulteurs sur ce point. Dans l’année de grand vol, c’est le ramassage des adultes ou hanneton­ nage qu’il importe d’organiser. Le Conseil Général de la Marne vote géné­ ralement à ce titre, un crédit destiné à indemniser les ramasseurs, lès Municipalités, les Syndicats Viticoles ont généralement augmenté l’indem­ nité départementale. L’Association Viticole Champenoise est intervenue de son côté, soit en augmentant les indemnités, soit en organisant entre les écoles rurales un concours classant ces écoles d’après la quantité des han­ netons ramassés par les élèves et leur attribuant des prix affectés à la bibliothèque scolaire. Lorsque nous avons pris l’initiative d’organiser ainsi le hannetonnage en 1925, dix-huit communes seulement, dans les grands ou premiers crus exposés aux ravages des vers blancs, ont répondu à notre appel. Il y a été détruit 2.500 kilos de hannetons. Tous les trois ans, la lutte reprend, mais pas avec autant d’activité qu’on pourrait le souhaiter. La destruction des hannetons est un moyen de lutte préventif, et les intéressés perdent trop souvent de vue les relations qui existent entre l’insecte parfait, dont les dégâts ont peu d’importance, et les larves qui, dans les années intermédiaires des grands vols, dévastent les cultures. D’autre part, le hannetonnage est un procédé de lutte collectif et doivent y prendre part ceux qui ne seront peut-être pas les victimes des larves constituant la descendance des insectes à détruire. Ce sont les arbres des routes, les taillis, qui servent généralement de supports aux hannetons dans leur vol et on ne peut songer facilement à traiter par des insecticides les feuilles d’arbres qu’ils mangent. Jusqu’ici le ramassage, ce qu’on appelle « le hannetonnage », est le seul procédé pra­ tique. Il peut être réalisé le matin de bonne heure, alors que les insectes sont encore engourdis par la fraîcheur nocturne. Les enfants arrivent rapidement à une grande dextérité. Nous avons pu constater en Champagne que, dans un kilo de hannetons, il y a environ mille individus, parmi les­ quels une assez forte proportion de femelles pour qu’on puisse évaluer, chaque femelle pondant 60 à 80 œufs, à plusieurs dizaines de milliers de vers blancs la destruction résultant du ramassage d’un kilo de hannetons. Nous n’insisterons jamais assez sur l’importance que présente en Cham­ pagne la pratique du hannetonnage. Après leur vol, les hannetons s’accouplent, les femelles pondent. Les petits vers éclosent à partir de juin et évoluent jusqu’à l’automne dans les sols où ils ont vu le jour. L’expérience a montré qu’on peut les détruire en grand nombre pendant l’été qui suit le grand vol des adultes, par des labours peu profonds exécutés par des belles journées ensoleillées. Les petits vers ne se trouvent guère, en effet, à plus de 6 à 8 centimètres de profondeur au début de leur existence et ils sont très fragiles aux blessures. Parmi les insecticides, et à ce moment, te sulfure de carbone est d’un

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