1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE Pour servir de liaison entre les uns et les autres, l’Association Viticole Champenoise qui poursuivait son œuvre technique était tout indiquée. Dans les différents chapitres que je présente à mes lecteurs il est bien souvent parlé de l’Association Viticole Champenoise (A.V.C.). Si j’ai signalé cette Association en étudiant la période de défense contre le phyl­ loxéra et dans le chapitre de la reconstitution par la greffe, je crois indis­ pensable de développer ici le rôle important qu’eUe a joué dans cette période de l'histoire de la Champagne qui est celle de sa reconstitution après la crise phylloxérique et malgré la guerre de 1914-18. En 1898, le grand syndicat de défense contre le phylloxéra qui devait rendre obligatoire la lutte par extinction des taches venait d’échouer. 38 hectares seulement étaient officiellement phylloxérée. Un certain nombre de Maisons de Vins de Champagne se groupèrent pour tenter de réaliser une autre formule de défense. La propagande, la persuasion, devaient se substituer à l’obligation dont les vignerons n’avaient pu admettre le principe. Le concours financier du grand commerce était prévu pour aider le producteur à constituer ses organismes de défense, et, en prévision de l’avenir, on devait commencer de suite l’étude de la reconsti­ tution par la greffe. Les maisons admises dans l’Association viticole cham­ penoise versaient des cotisations très élevées variables suivant l’importance de leur expédition annuelle de bouteilles. Les premiers directeurs de l’A.V.C. se mirent en campagne pour créer, dans les crus les plus importants, les syndicats viticoles de défense. Les vignerons entraient dans ces syndicats librement en s’engageant à payer une cotisation proportionnelle à la surface qu’ils cultivaient. L’A.V.C. versait en trois ans dans leur caisse une subvention calculée à raison de 35 franos par hectare de vigne en rapport. Dès 1900, 39 Syndicats étaient en fonctionnement groupant 3.716 pro­ priétaires et le traitement cultural au Sulfure de Carbone commençait à • être pratiqué régulièrement. En 1904, lorsque je pris possession de mes fonctions de Professeur départemental d’agriculture dans la Marne, 2.421 hectares de vignes étaient déclarés phylloxérées dans ce département. Mais le réseau des Syndicats viticoles étaient déjà important : 71 syndicats étaient en relations suivies avec l’A.V.C. Un programme d’action méthodique était dressé et son exécu­ tion poursuivie. Les vignes françaises phylloxérées, soignées comme des jardins, traitées régulièrement au Sulfure de carbone, continuaient à pro­ duire. En 1913, l’A.V.C. était en pleine activité. Le phylloxéra avait envahi 7.600 hectares dont 6.000 hectares résistaient, produisaient encore. Pour les défendre on a employé 764.000 kilos de sulfure de carbone, 2.000 hec­ tares de vignes à racines françaises pouvaient être considérées indemnes. Déjà on comptait 2.150 hectares de vignes greffées, 130 Syndicats viticoles correspondaient avec l’A.V.C. Ils groupaient 11.594 propriétaires comme

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