1951 Le Vignoble et le Vin de Champagne by Georges Chappaz

LE VIGNOBLE ET LE VIN DE CHAMPAGNE Sa maturité étant de deuxième époque, elle n’est pas parfaite tous les ans. Mais le raisin de l’Arbanne ne craint pas la pourriture et peut attendre sur la souche une vendange tardive, qui était la règle autrefois pour ce cépage. Le vin d’Arbanne des bonnes années est alcoolique, sec, et son bouquet jouit d’une grande réputation à BAR-SUR-AUBE. Il est de très bonne conservation. A l’heure où les vignerons de l’Aube, obligés à abandonner le Gamay, cherchent encore leur voie pour leurs plantations nouvelles, peut-être serait-il intéressant qu’ils tournent leurs regards vers certains coteaux secs et bien exposés où jadis les vignes d’Arbanne donnaient des vins réputés. Le Gamay occupe une assez grande surface des vignobles de l’Aube, où il donne des vins de table fruités et très appréciés. Lorsque les vignobles de l’Aube ont été admis en Champagne viticole par la Loi du 22 Juillet 1927, la question a été immédiatement posée : Le Gamay est-il un cépage de Champagne? Elle s’était déjà posée en 1908, lors des premières tenta­ tives de délimitation champenoise, pour les vignobles de Gamay existant alors dans certaines régions de l’arrondissement de VITRY-LE-FRANÇOIS. J’ai combattu le Gamay dès 1908, et dans ces premières délimitations, les vignobles de Gamay de l’arrondissement de VITRY-LE-FRANÇOIS ont été exclus de la Champagne. Je puis bien rappeler que les viticulteurs de ces vignobles se sont inclinés de bonne grâce. J’ai combattu à nouveau le Gamay devant la commission d’enquête parlementaire que présidait avec tant d’impartialité M. BARTHE, en 1926, commission dont l’arbitrage mit fin à la grave et longue querelle de l’Aube et de la Marne dont j’entre­ tiendrai mes lecteurs en un chapitre spécial sur la délimitation de la Cham­ pagne. La Commission d’enquête a partagé ma façon de juger le Gamay. J’ai rappelé, en tête de ce chapitre sur les cépages, l’article 5 de la Loi du 22 juillet 1927 qui a donné un délai de 18 ans aux vignes de Gamay pour disparaître de l’appellation « Champagne », étant entendu que dès 1927 toute vigne nouvelle plantée en Gamay n’aurait pas droit à l’appella­ tion. Le délai accordé prenait fin en 1945, et les circonstances tragiques que venait de traverser la France ont permis aux viticulteurs de l’Aube d’obtenir du Comité National des Appellations d’origine une prolongation de sept années. C’est donc seulement en 1952 que le Gamay doit disparaître de l’appellation Champagne. Comme les vignes plantées après 1927 en Gamay n’ont pas droit à l’appellation « Champagne », les plus jeunes vignes de Gamay appelées à perdre l’appellation en 1952 auront 25 ans. C’est pour une vigne greffée un âge qui permet de ne pas trop pleurer sa dispa- LA QUESTION DU GAMAY EN CHAMPAGNE

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