1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

au type, à la qualité que voulait réaliser ce négociant. En ce cas, il ne le vendra jamais sous son nom: ce serait risquer de déprécier sa marque dans l’esprit de sa clientèle; mais rien ne s oppose à ce qu’il cède la cuvée, dans des conditions avantageuses pour elle, à une firme de second ordre qui en pourra tirer un vin fort agréable... LA GARANTIE DE LA MARQUE SUBSTITUÉE A CELLE DU CRU. Et c’est ainsi que s’introduisent, dans l’élaboration des vins de Champagne, des différences de qualité qui, nécessairement, se répercutent sur les prix et lont que tel vin coûte — et vaut effectivement — moitié moins qu’un autre de même apparence. Les Champenois eux-mêmes distinguent couramment la « grande bouteille» et la «petite bouteille»; cette dernière expression n’a d’ailleurs rien de péjoratif. En Bourgogne et dans le Bordelais aussi, il existe de grands et de petits vins, ces derniers souvent excellents. Seulement, tandis que, dans Ja plupart des régions vinicoles, les noms de crus plus ou moins réputés permettent le classement des vins par qualités, en Champagne où le mélange des crus empêche de recourir à ce procédé, ce sont naturellement les marques et le renom dont elles jouissent qui jouent le rôle des crus. N’empêche qu’il y avait — c’est un fait — tout au moins jusqu’aux années 1930-1935, des champagnes à bas prix, dont la qualité laissait quelque peu à désirer. Qu’une même appellation pût servir à désigner à la fois l’excellent et le médiocre, c’était là un danger très menaçant pour le renom des grands vins de Champagne. On avait l’impression que ces derniers traînaient derrière eux, comme un boulet, le poids mort de ces vins inférieurs. Et l’on pouvait se demander si le vin de Champagne de basse qualité et à trop bas prix méritait encore son appellation, s’il était digne des coteaux et des précieux cépages qui le produisent... Il y avait là un très grave problème dont la solution conditionnait l’avenir même du vin de Champagne dans le monde. Loin de chercher à ruser avec ce problème, les producteurs l’ont abordé de front. Et nous allons voir comment ils sont parvenus à revaloriser les vins des catégories inférieures, en imposant à tous ceux qui revendiquaient l’appellation « champagne » l’observance rigou­ reuse de prescriptions tendant à assurer à leurs produits un minimum de qualité, au-dessous duquel ils ne peuvent désormais descendre sans perdre le droit à cette dénomination glorieuse.

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