1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

L'ORGANISATION PROFESSIONNELLE DU CHAMPAGNE. En même temps que naissait le statut juridique du champagne, s’élaborait peu à peu l'organisation professionnelle de scs producteurs, œuvre de longue haleine dont nous ne ferons que noter rapidement les principaux stades. Les promoteurs en ont été, d’une part, le Syndicat du Commerce des vins de Cham­ pagne, créé des 1882, qui réunit une trentaine de négociants (de beaucoup les plus importants) et qui, pendant plus de vingt ans, lutta seul pour la défense des intérêts champenois; d'autre part, le Syndicat général des Vignerons de la Champagne délimitée qui groupe la masse des petits propriétaires de vignes. Longtemps, ces deux organismes ne sont guère entrés en contact (et ces contacts dégénéraient parfois en d’irritantes frictions) que pour discuter chaque année, par l’intermédiaire de leurs délégués, le prix au kilog du raisin acheté par le commerce aux vignerons. A ce moment, sans être à proprement parler ennemis — ils ne l’ont jamais été — ils agissaient sur des plans nettement différents, sinon opposés. L’action parallèle qu’ils ont menée l’un et l’autre, d'abord dans la lutte contre le phylloxéra, puis dans les laborieuses négociations qui devaient aboutir au statut du champagne, les a rapprochés en leur donnant conscience de la communauté de leurs intérêts, tout au moins sur les points essentiels. Mais ce statut, une fois édicté, ne pouvait être efficace que moyennant une surveillance et un contrôle assidus, que les intéressés étaient seuls capables d’exercer avec les garanties de technicité et d’impartialité voulues. C’est alors que le décret-loi du 28 septembre 1935 institua, sur la demande formelle des intéressés (et même d’après un projet préparé par leurs délégués), Commission spéciale de la Champagne Viticole », bientôt désignée sous une le nom de « Commission de Châlons », son siège étant à la Préfecture de la Marne. C’était un véritable petit Parlement de 39 membres, dont 22 professionnels, délégués des négociants, des récoltants, des Chambres de Commerce et d’Agri- culture des départements de la Champagne délimitée, 9 parlementaires et conseillers généraux des mêmes départements et 8 fonctionnaires des Contribu­ tions Indirectes et de l’Agriculture. Cette Commission pouvait se dédoubler, donnant naissance à une sous-commission des prix, qui ne comprenait que les 22 professionnels et était chargée de fixer chaque année, huit jours avant les vendanges, « les prix minima par catégorie de crus, les degrés moyens dans ces catégories, ainsi que le degré minimum de tout vin ayant droit à l’appellation « champagne ». La « Commission de Châlons », au cours de ses cinq années d’existence, réussit à assainir, dans une large proportion, un marché profondément engorgé, à arrêter la dévalorisation du vin à la propriété, à obtenir pour les vignerons, en dépit de circonstances défavorables, des conditions de vente généralement plus rémunératrices que par le passé. Mais ce qui, peut-être, a plus de valeur encore que son œuvre positive, c’est que la « Commission de Châlons », sous l’impulsion de ses animateurs, MM. Robert-J. de Vogué, délégué du Commerce, et Maurice Doyard, secrétaire du Syndicat général des Vignerons, a définitivement assuré la collaboration, con­ fiante et cordiale, du commerce et de la propriété.

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