1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

que entièrement du total des expéditions faites en France car l’étranger achetait très peu de mousseux champenois. Les chiffres ci-dessus permettent de constater l'accroissement parallèle, bien qu'à des niveaux différents, de la consommation intérieure et des ventes à l’étranger. Ce double phénomène s’explique aisément. Consommation intérieure d’abord. Jusqu'au milieu du XIXe siècle et un peu au delà, le « Français moyen » est resté très économe, sinon même serré; le champagne lui paraît un luxe bon à réserver pour les occasions exception­ nelles; progressivement, le goût du bien-être, le désir d'une vie matérielle plus confortable se répand dans les milieux bourgeois avant de gagner les couches populaires; le champagne, d’ailleurs, n'est pas vraiment cher : si une bouteille de grande marque valait, en 1913, de 7 à 9 francs (francs-or), de nombreuses maisons vendaient pour 3 fr. 50 à 4 francs, et même moins, du champagne de moindre qualité, et ces vins bon marché avaient la faveur de la clientèle fran­ çaise qui, bien souvent, descendait jusqu’aux vins mousseux à... 2 francs la bouteille!... Bien plus intéressant est aux yeux des producteurs le client étranger qui achète presque exclusivement les grands vins, les vins chers auxquels est attachée la réputation mondiale de notre produit. En dépit des imitations frauduleuses et des contrefaçons — généralement non réprimées — avec lesquelles il devait se mesurer en bien des pays, la supériorité du champagne s’avérait si éclatante que l'étranger ne cessait d'aug­ menter ses commandes, et cela bien qu’à la veille de la guerre mondiale les droits de douane fussent déjà assez élevés dans certains Etats (4 fr. 15 par bouteille aux Etats-Unis; 4 fr. 40, en Allemagne; 4 fr. 52, en Russie), sans compter les bénéfices, parfois excessifs, des intermédiaires et les frais de trans­ port qui grevaient le prix de la marchandise destinée aux pays lointains. NOS MEILLEURS CLIENTS. Malgré tout, ces vins trouvaient acquéreurs dans presque tous les pays du monde, mais cinq d’entre eux surtout étaient grands importateurs de champagne. La Grande-Bretagne d’abord, qui nous a toujours fourni une très impor­ tante clientèle de connaisseurs, exigeants sur la qualité, réclamant des vins très secs, bruts, à forte teneur alcoolique, des vins anciens, de préférence millé­ simés; cette clientèle achetait, non seulement pour sa consommation immédiate, mais encore en vue de former des stocks; ces achats atteignaient, bon an mal an, 6 millions de bouteilles et parfois davantage. Les Etats-Unis nous demandaient chaque année 3 à 4 millions de bouteilles, leur préférence allant aux vins secs alcooliques très légèrement dosés en sucre, avec une demande croissante pour les vins bruts et très secs; ce marché, déjà important, paraissait susceptible de se développer encore, étant donné l’étendue du pays, le chiffre de sa population, sa richesse croissante; aussi était-il de plus en plus prospecté. La Belgique, en dépit de sa. superficie et de sa population réduites, n’en était pas moins une très intéressante cliente, grâce à une élite d’amateurs enthousiastes de nos grands vins en général et du champagne en particulier; elle achetait, comme les Etats-Unis, entre 3 et 4 millions de bouteilles. 118

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