1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

mais il n’en va pas de même des exportations : toutes les relations commerciales sont rompues, dès le début, avec l9Allemagne et TAutriche-Hongrie; un peu plus tard, la révolution russe nous ferme ce pays; nos alliés, engagés à fond dans la guerre, entendent importer exclusivement des denrées et produits de première nécessité et interdisent l'entrée des produits de luxe; la hausse du fret, l’insécurité des transports menacés par la guerre sous-marine, la réduction des bateaux de commerce disponibles, contribuent également à paralyser nos exportations. La guerre se termine enfin le 11 novembre 1918... Si nous reportons notre attention sur les chiffres d’expéditions à l’intérieur du pays, nous constaterons, après la brève période d’euphorie qui suit immédiatement la victoire (1918- 1920j, une chute assez brusque (1921-1922), qui s’interrompt en 1923 (suppres­ sion de la taxe de luxe) ; puis un mouvement ascendant, dont le point culminant se situe au plus aigu de notre crise monétaire (1926). Fait paradoxal, mais seule­ ment en apparence. En réalité, les Français n’ont pas bu tout cela! La plus large part du champagne vendu en France à cette époque était consommée par des étrangers qui, grâce à la dépréciation de notre change, se le procuraient à bon compte: c’était bien là, comme on l’a dit, de l’exportation à l’intérieur!... Aussi, dès 1927, les ventes en France tombent-elles à pic, en raison de l’amélio­ ration de notre change et de l’élévation de nos prix intérieurs qui chasse l’étranger. Il est vrai qu’elles remontent ensuite d’un élan vigoureux et continu pour atteindre, dans les dernières années qui ont précédé 1939, le triple des expé­ ditions faites en France avant 1914. C’est d’abord parce que le consommateur français commence à apprécier le champagne, mais c’est aussi et surtout parce que, les stocks s’accumulant et l’exportation ne rendant pas, les négociants écoulent en France leurs vins à des cours qui ne correspondent pas, même de loin, à leurs prix de revient réels. En 1938 se manifeste un fléchissement de la consommation française, dû à la hausse inéluctable des prix, survenue à la çuite des lois sociales et des charges fiscales. Quant aux exportations, leur diminution catastrophique est la cause prin­ cipale, sinon même unique, de la crise subie par le champagne dans les années formant l’entre-deux guerres. En 1921 et 1922, un premier effondrement brutal marque la fermeture de trois des grands marchés d’avant-guerre : l’Allemagne qui, en proie à une sévère crise monétaire, ferme ses frontières à tous les produits qui ne lui sont pas absolument nécessaires; la Russie, où la révolution a fait disparaître la classe aristocratique, seule consommatrice de nos vins; enfin, les Etats-Unis où, sous l’influence d’une propagande abstinente puissamment outillée, le Congrès a adopté, le 3 décembre 1917, un dix-huitième amendement à la Constitution, aux termes duquel « la fabrication, la vente, le transport des liqueurs enivrantes, leur importation ou exportation seront interdits aux Etats-Unis...». Trente-six Etats, c’est-à-dire les 3/4, ayant ratifié ce vote et la loi Volstead ayant précisé qu’il fallait entendre par boisson enivrante toute boisson contenant plus de 121 7,ES EXPORTATIONS — LA VAGUE PROHIBITIONNISTE.

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