1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

En Europe, la Suède et la Norvège. trè9 travaillées par la propagande absti­ nente, adoptent également, sans aller jusqu'à la prohibition, un régime de contrôle étroit des boissons alcooliques; il s’agit, en somme, d’un véritable monopole, mais l’Etat ne l'exerce pas lui-même; il le concède à une sorte de consortium privé formé d’importateurs de vins — Vinmonopolet, en Norvège; Vin et Spiritcentralen , en Suède.

LES DROITS DE DOUANE , ENNEMIS DU CHAMPAGNE.

Ces divers systèmes, s’ils n’empêchent pas absolument les importations, y apportent du moins des restrictions, des complications, des procédés arbi­ traires dont notre commerce ne peut que souffrir. Et même dans les pays où les importations de vins demeurent entièrement libres, elles sont freinées plus ou moins fortement par la poussée protectionniste qui se manifeste dans le relèvement, à peu près général, des droits de douane. Dans la plupart des grandes capitales de l’Europe, une bouteille de cham­ pagne payée 30 francs à Reims revient, en 1935, au commerçant détaillant à un prix variant entre 55 fr. 50 et 102 fr. 50 (47 à Bruxelles), alors que cette même bouteille revient, au détaillant de Paris, à 35 fr. 15 seulement. Et à ces prix il faut encore ajouter le bénéfice prélevé par le détaillant local (négociant ou restaurateur) pour arriver au chiffre que doit payer le consommateur. Dès lors, on conçoit que — sauf en Angleterre, en Belgique et au Canada, fidèles clients qui sont restés presque au niveau de leurs importations d’avant- guerre — la consommation du champagne ait plus ou moins baissé dans tous les pays. Elle se relève cependant jusqu’à 14 ou 15 millions de bouteilles entre 1924 et 1929, années d’équilibre retrouvé, mais retombe brutalement lors de la crise mondiale de 1930 dont les prolongements s’étendent jusqu’à 1934 ou 1935. En 1932, la France n’exporte que 4 millions de bouteilles de cham­ pagne; depuis 1844, date à laquelle ont été publiées les premières statistiques annuelles, jamais le9 exportations ne sont tombées aussi bas. L’abolition du régime prohibitionniste aux Etats-Unis, à compter du 5 décembre 1933, avait soulevé des espoirs qui ne se réalisent que bien impar­ faitement: les droits de douane, de timbre, de verre, taxes locales et impôts divers, atteignent un total de 300 francs pour une caisse de 12 bouteilles vendues couramment 495 francs la bouteille. Et le public américain, longtemps sevré de nos produits et orienté vers des alcools violents, ne se réacclimate que lentement à nos vins fins. Cependant, la reprise des exportations aux Etats-Unis, si elle n'a pas'atteint les chiffres d’avant 1914, n’en a pas moins été en augmentant chaque année jusqu’à 1937, dans des proportions encourageantes: 815.000 bouteilles en 1935: 1.791.000 en 1936; 2.987.000 en 1937. Les années 1936 et 1937 voient nos exportations de champagne remonter à 10 et 12 millions de bouteilles. Est-ce l’aube d’un jour meilleur? Hélas! nous n’aurons pas le temps d’en juger... Déjà les résultats de 1938 se ressentent de l’inquiétude larvée qui tourmente les nations. Et puis, c'est 1939, et le monde se trouve à nouveau précipité dans la guerre... 123

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