1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

exigé pour 1944. L'exécution de ce dernier prélèvement se trouva heureusement interrompu par la libération. Au total, le montant effectif des enlèvements de l’armée allemande s’éleva, de juin 1940 à août 1944, à 62.234.000 bouteilles de champagne, sans compter le9 fournitures de vins en cercle exigées, qui montèrent à 77.000 hectolitres. Le C.I.V.C., qui avait succédé, dès 1941, au B.N.R.C., chercha toujours à s’interposer entre scs ressortissants et les troupes occupantes. Pour éviter toute immixtion de celles-ci dans nos affaires intérieures, il effectua lui-même la répartition, entre les négociants, des contingents imposés à l’ensemble de la profession. Cette répartition fut opérée de la manière la plus équitable, les quotes-parts individuelles étant déterminées à l’aide de calculs qui tenaient compte à la fois des stocks en bouteilles et en cercle de chacun et du chiffre de ses expéditions d’avant-guerre. Ces vins furent payés en principe aux prix normaux du commerce, ceux qu’acquittait la clientèle civile. Lc9 Allemands acceptèrent, non sans se faire tirer l’oreille, les hausses subies par ces prix au cours de la guerre, mais ils imposèrent à ces prix, à partir de mai 1942, un abattement de 12.50 %, justifié, d’après eux, par l’importance de leurs achats. Tout compte fait, le total des facture® réglées aux maisons de négoce par la Sektverteilungstelle se monte à 2.442.600.000 francs, ce qui, pour les quelque 62 millions de bouteilles prélevées, fait apparaître un prix moyen à la bou­ teille d’environ 39 francs... Ce n’est pas cher!... D’autant plus que, par le jeu des frais d’occupation... astronomiques et des divers comptes ouverts à l’armée allemande par l’Etat français, c’est nous qui avons, en définitive, fait les frais de l’opération. A partir de fin 1943, les Allemands ayant découvert le rôle actif joué dans l’organisation de la résistance par un bon nombre de négociants, d’employés et d’ouvriers caviste®, de vignerons, les rapports devinrent franchement mauvais et une atmosphère d’hostilité pesa désormais sur eux : plusieurs maisons de champagne furent placées sous la gestion d’un séquestre allemand et leurs chefs brutalement évincés; plusieurs — patrons, salariés, vignerons — furent arrêtés par la Gestapo, emprisonnés ou même déportés en Allemagne jusqu’à la fin des hostilités, tandis que d’autres faisaient le coup de feu dans les escar­ mouches des maquis régionaux, où plusieurs trouvèrent la mort... □ Les stocks du négoce, qui étaient au l'T avril 1939 de 104 millions de bou­ teilles (plus des réserves en fûts égales à 212.000 hectolitres), étaient tombés à 81.600.000 bouteilles au lpr avril 1944. Par contre, le stock en cercles était légèrement supérieur à celui d’avant-guerre, le manque de verrerie ayant empê­ ché le tirage d’une certaine quantité de vins. Ces pertes n’ont pu encore être réparées. Au lPr avril 1951, malgré un redressement des réserves en fûts à 335.000 hectolitres, le stock en bouteilles, par suite de la reprise du commerce mondial, était encore réduit à 77.600.000 bouteilles. Mais la guerre avait également entraîné une terrible disette de bouteilles, de bouchons, de capsules et d’agrafes de fil de fer, accessoires indispensables au commerce du champagne. Privées de matières premières et de combustibles, amputées d’une grande partie de leur personnel, les verreries durent inter­ rompre presque complètement leur production. Les Allemands se souciaient

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