1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

humbles paysages. Néanmoins, il faut avouer que ceux-ci manquent de séduc­ tion, et l'on conçoit que les combattants, terrés pendant de longues semaines, entre 1914 et 1918, dans les tranchées du front de Champagne, aient pu garder un souvenir lugubre de la boue grise et tenace et des paysages désolés de Tahure ou du Cornillet. Pourtant leurs traits s’illuminent quand on évoque devant eux ces riantes bourgades du vignoble, situées à quelques kilomètres en arrière des lignes, où on les envoyait se refaire et se détendre entre deux coups durs... Car le vignoble touche à la plaine et empiète légèrement sur elle; sa super­ ficie, du reste, n’est pas très étendue, et elle a varié en plus ou en moins, au cours des âges, puis récemment, comme nous le verrons, par reflet des « délimi­ tation? » administratives et judiciaires qui en ont modifié rétendue. CHAMPAGNE DÉLIMITÉE. La « Champagne délimitée » comprend actuellement, outre la plus grande partie du département de la Marne, un certain nombre de communes de l’Aube et de l’Aisne, mais on a toujours été d’accord pour admettre que la partie essen­ tielle du vignoble, celle où se rencontrent les crus les plus réputés, se limite aux deux arrondissements de Reims et d’Epernay, auxquels il faut ajouter le canton de Vertus, appartenant à l’arrondissement de Châlons. Elle couvre les pentes de la « falaise » qui limite à l’ouest la plaine de la Champagne crayeuse, en la séparant des formations tertiaires de la Brie et du Tardenois; elle s’étend aussi sur les flancs des vallées qui coupent cette falaise, et plus particulièrement sur les deux rives de la vallée de la Marne, depuis l’amont d’Epernay jusqu’aux alentours de Château-Thierry. DIVERSES PARTIES DU VIGNOBLE MARNAIS. On distingue en effet, dans le cœur de la région viticole, trois grandes divisions : 1° La Montagne de Reims, qui s’étend au sud de cette ville sur line lon­ gueur de 20 à 25 kilomètres et une largeur de 8 à 12. C’est un vaste plateau dont le relief est faible, puisqu’il domine de 200 mètres à peine la plaine envi­ ronnante, mais nettement accusé. (Le point culminant, 6itué près de Verzy, est à 288 m. au-dessus de la mer.) Elle apparaît de Reims sous la forme d’une longue crête bleuâtre qui confère un certain accent de grandeur à la nudité du paysage. Le sommet est revêtu d’une épaisse forêt (plus de 10.000 hectares), creusée çà et là de ravins profonds, parsemée d’étangs et de clairières où se blottissent des villages de bûcherons. Les pentes, plus ou moins escarpées, sont couvertes de vignes dont les plants régulièrement alignés se prolongent jusqu’à la plaine. Le versant sud du plateau forestier domine la vallée de la Marne, où nous le retrouverons. Mais du point de vue viticole, la dénomination « Montagne dé Reims » s’applique aux crus échelonnés sur les pentes nord de la falaise, celles qui regardent la plaine de Reims. Les principaux parmi ces crus sont, en allant de l’est à l’ouest : Villers-Marmery, Verzy, BEAUMONT-sur-VESLE, VERZE- NAY, MAILLY, SILLERY, Ludes, Chigny, RillyK Puis la ligne des crêtes s’in-

1. Les têtes de crus sont en capitales; les premiers crus en italique. 26

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