1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

peines »), mais encore et surtout l’engagement préalable de lourdes dépenses hors de proportion avec ses pauvres moyens financiers, lorsque, plusieurs années de suite, il attend vainement la compensation d’une heureuse récolte.

LES FRAIS DE PRODUCTION DANS LE VIGNOBLE. Car les frais de production à l’hectare dans le vignoble champenois sont extrêmement élevés. Leur détermination précise exigerait des développements de caractère technique qui sortiraient du cadre de cet opuscule. Le montant de ces frais varie naturellement selon l’importance et le mode d’exploitation des propriétés mais, de toute manière, ils sont trop élevés pour permettre au vigneron de « s‘y retrouver » si, comme il arrive trop souvent, deux, parfois même trois années de mauvaises récoltes se succèdent coup sur coup, pendant lesquelles il lui faut, de toutes façons, engager au maximum l’intégralité des dépenses tout en ne retirant de sa vigne qu’un revenu minime ou même nul. Encore faudrait-il, pour lui permettre d’équilibrer ses frais de production, qu’en cas de récolte bonne ou simplement moyenne, il ait la certitude de vendre son raisin à un prix vraiment rémunérateur. Mais il arrive — et c’est là le drame de la viticulture champenoise — que le commerce, paralysé par une mévente due à la surélévation des droits de douane ou à la fermeture de certains débouchés et ayant en cave des stocks qui pèsent sur le marché, ne soit pas disposé à acheter ou même ne puisse pas acheter au comptant et à un prix élevé les raisins que lui offre le vigneron... Nous reviendrons sur cette question dont nous nous bornons à signaler pour l’instant l’importance vitale... LE CALENDRIER DES TRAVAUX DE LA VIGNE. Ainsi donc il n’est guère de culture qui soit plus coûteuse que celle du vignoble champenois. Il n’en e9t pas non plus qui demande un travail plus constant, une surveillance plus attentive. Chaque mois, chaque jour, apporte au vigneron son labeur traditionnel, qu’il exécute (réserve faite de quelques progrès techniques) selon des gestes immémoriaux, transmis de père en fils dans ces familles vouées depuis des générations à la culture — au culte — du noble vin. On aimerait s’arrêter plus longuement à ces travaux, dresser une sorte de calendrier du vignoble, qu’illustreraient ces médaillons naïfs, finement sculptés aux porches de nos cathédrales pour sanctifier les travaux de l’homme, et spécialement ceux qu’il consacre à produire le pain et le vin, aliments divins en même temps que nourritures terrestres... Faute de pouvoir réaliser ce projet, nous donnerons seulement un bref aperçu de ces travaux : Novembre, décembre et janvier voient s’exécuter un certain nombre de travaux d’hiver qui n’entrent pas dans le cycle des roies (travaux définis de la vigne), mais n’en sont pas moins importants pour cela. Ce sont d’abord les labours d’hiver. Le premier de ces labours, ou buttage, destiné en principe à mettre les souches à l’abri des fortes gelées, a surtout pour but d’exposer la terre à l’effet bienfaisant des gelées et de favoriser l’infil­ tration des pluies. Il commence généralement dès le début de novembre; plus tard, en effet, il risquerait d’être contrarié par le mauvais temps. Effectué, depuis 41

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