1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

la reconstitution du vignoble en plants greffés plantés en lignes, à l'aide de charrues munies de buttoirs qui creusent entre chaque rangée de ceps une sorte de fossé, il facilite l’enfouissement des amendements et engrais que viendra recouvrir, sur la fin de l’hiver, le second labour appelé débullage. En hiver également, se pratiquent l'arrachage des vignes à remplacer, le défonçage des sols reposés en vue de plantations nouvelles, et la préparation des terrains à pépinières. Mais le grand travail pour Je vigneron durant la mauvaise saison demeure aujourd’hui, comme dans le passé, le transport et l’épandage des amendements. Ces amendements sont ceux qu’une expérience plusieurs fois séculaire a choisis comme les plus propres à conserver au sol, sans cesse amenuisé par les pluies, une épaisseur satisfaisante en même temps qu’une constitution physique favorable, notamment les terres siliceuses et argileuses du tertiaire et les cendres noires pyriteuses et sulfureuses dont on trouve des carrières disséminées sur différents points du vignoble; mais surtout le vigneron cham­ penois a une manière bien à lui d’accumuler des réserves d’engrais qu’il appelle magasins , épais composts de forme rectangulaire, formés de couches alternatives de fumier et de terre végétale, de sable ou de cendres, qu’il dispose dans un coin de sa vigne et auxquels il puise suivant ses besoins, transportant sur son dos des hottées de cette fumure d’un bout à l’autre de ses terres, de la culée (partie basse) au chevet (partie haute) des vignes. Il faut naturellement ajouter à cette liste les engrais chimiques, de plus en plus employés depuis une vingtaine d’années. Contrairement au préjugé, parfaitement erroné, suivant lequel les vins de Champagne devraient leur finesse et leur bouquet délicat à l’aridité du sol, les quantités considérables de principes fertilisants ainsi déversés et accumulés dans les vignes ont fini par transformer, complètement la nature de ce sol et par faire de la culture de la vigne en Champagne une véritable culture maraî­ chère. C’est que le sol perméable est gros consommateur d’engrais et, de son côté, la vigne, ayant à vivre sous un climat peu favorable, a besoin d’une véritable suralimentation pour résister aux dures attaques des gelées printanières... En février, dans la Montagne, parfois dès fin janvier, dans la Vallée, mais toujours en évitant les gelées, se fait la taille de la vigne. Ce travail est un des plus importants de l’année et c’est de sa bonne exécution que dépendent souvent les chances de récolte. La taille a pour but de régulariser la production en quantité et en qualité, de maintenir un équilibre judicieux entre les différentes parties de la plante et de donner aux ceps une forme convenable pour permettre la culture et favoriser la maturité. Quatre systèmes de taille sont employés en Champagne, dans les vignes greffées : le Chablis, le cordon de Royat, le Guyot et le Gobelet ou Eventail. Ces différentes tailles ont été réglementées par un décret en date du 13 janvier 1938 et depuis 1941, seuls ont droit à l’appellation contrôlée « Cham­ pagne » les vins provenant de raisins cueillis dans les vignes taillées conformé­ ment aux règles prescrites. La taille est complétée par l’attachage des charpentes et parfois des coursons puis, après le départ de la végétation, par un ébourgeonnage minutieux destiné à éviter le développement de pousses sans utilité; auparavant femmes 42

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