1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

les bourgeons aient fait le moindre mouvement, ils viendront prélever les sarments dont ils tireront les greffons qui leur seront nécessaires lors de leur prochain greffage.

LES ENNEMIS DE LA VIGNE. Ce cycle de travaux, amènerait au seuil de la vendange. Mais nous des besognes, multiples et souvent pénibles, qu'ajoute au labeur quotidien de notre homme l’âpre lutte qu’il lui faut mener contre les ennemis de la vigne : lutte harassante, car elle est presque de tous les instants, lutte onéreuse aussi, car ces ennemis sont fréquemment coalisés contre le pauvre vigneron qui ne peut leur opposer, — outre l’effort de ses bras, — que l’achat de produits coûteux, d’une efficacité souvent problématique... certes plus rapide à décrire qu’à effectuer — nous avons jusqu’ici fait abstraction LUTTE CONTRE LES INTEMPÉRIES. Au premier rang de ces adversaires figurent les intempéries, dont nous avons déjà signalé la fréquence sous la latitude septentrionale de la Champagne. C’est sans doute, parmi tous les ennemis du vigneron, le plus redoutable; c’est aussi celui contre lequel il est le plus désarmé. Ainsi que le dit si bien le grand écrivain suisse C.-F. Ramuz, parlant des vignerons vaudois — dignes frères de ceux de chez nous : « On ne sait jamais dans le vignoble... Tout le temps, d’avril en octobre, ils tiennent la tête levée en l’air. C’est là-haut qu’est leur véritable banque; là-haut qu’ils ont placé tout leur capital. Depuis le commencement d’avril jusqu’après les vendanges..., jour après jour, et tout le long du jour, et dès qu’ils sont debout et encore avant de se mettre au lit, ils regardent là-haut le temps qu’il va faire. Car il se fait sans eux, le temps, et bien souvent même contre eux, et ils ne peuvent rien y changer...1 » Contre les gelées, on a bien tenté d’abriter les ceps en tendant au-dessus d’eux des panneaux de bois, de toile, d’osier, de carton, ou des paillassons, mais ces aménagements représentent des frais tellement considérables que les grandes maisons, qui seules avaient pu oser se permettre de les essayer, ont dû y renoncer. Les nuages artificiels émis de différentes façons offrent un mode de protection plus abordable, mais les écrans obtenus ne se révèlent efficaces que si la baisse de degré est insignifiante. Vraisemblablement, seuls des appareils, permettant en cas de besoin de maintenir suffisamment élevée la température de la nappe d’air au milieu de laquelle se trouvent les ceps, seraient efficaces. Mais à quel prix reviendrait l’acquisition de tels engins et leur fonctionne­ ment!... Contre la grêle, fléau heureusement limité dans ses effets mais affreuse­ ment dévastateur là où il sévit, maints essais ont été tentés. Aucun n'a donné jusqu’ici des résultats vraiment indiscutables. Si encore le vigneron n’avait affaire qu’au climat!... Les intempéries

1. C. F. Ramuz : Fête des Vignerons (Paris, Horizons de France , 1929). 44

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