1952 Connaissance du Champagne by Maurice Hollande

peinent être persistantes, mais après elles il y a toujours une ère de rémission. Après deux, trois, parfois quatre années pluvieuses et maussades, on a chance de voir venir un été ensoleillé, consolateur. .Mais ce qui rend vraiment tragique le sort du vigneron champenois, c’est l'acharnement avec lequel les maladies d'une part, les insectes parasites d'autre part, se déchaînent successivement ou simultanément contre son malheureux vignoble.

MALADIES DE LÀ VIGNE.

Nous n'essayerons pas d'en opérer le dénombrement complet, a fortiori d'indiquer les traitements qui leur sont applicables. Nous distinguerons tout d’abord les maladies qui, s'attaquant aux pousses de la vigne et aux raisins, sont suceptibles d’occasionner des pertes de récolte parfois sensibles, telles le rougeot, le mildiou, l’oïdium et la pourriture grise. Les deux premières rendent obligatoires ces sulfatages multiples qui coûtent beaucoup de temps et d'argent; la troisième nécessite des additions de soufre aux bouillies ou des soufrages, corvées ingrates et malsaines que le vigneron, vert-de-grisé de la tête aux pieds, les yeux brûlants et larmoyants, accomplit sans se plaindre. La dernière, qui se produit lors de la vendange, complique le triage et l’épluchage des grappes qui viennent d’être cueillies, avant leur envoi aux pressoirs. Nous signalerons ensuite les maladies qui s’attaquent uniquement aux souches, telles que le pourridié, redouté en Champagne bien avant l'apparition du phylloxéra, et l’esca, qui n’a manifesté sa présence que depuis la reconsti­ tution des vignes phvlloxérées en plants greffés. Nous mentionnerons enfin divers accidents dus soit .à des phénomènes physiologiques tels que la coulure et le millerandage, soit à un défaut de constitution du sol ou à d’autres causes mal connues et vraisemblablement multiples tels que la chlorose et le court noué, qui furent pendant longtemps considérés comme des maladies. Plu9 haïssables encore que les maladies sont les insectes parasites, généra­ lement infimes, parfois presque invisibles, mais qui, étant vivants, paraissent doués d’une sorte de malignité diabolique, alors qu’ils 11e visent qu’à satisfaire, en toute innocence, des instincts malheureusement incompatibles avec le déve­ loppement de la vigne. Ils ont des noms savants et laids auxquels le vigneron substitue parfois des sobriquets, réalistes et expressifs. C’est l’eumolpe ou gribouri . appelé aussi diablotin ou écrivain, dont la larve s’attaque aux racines ; Lattelabe, urbec ou cigarier, qui pond et enveloppe son œuf dans les feuilles de vigne, roulées par lui en forme de cigares ; l’othiorhynque fourchu ou cul- crotte, qui grimpe sur le cep et coupe les bourgeons; les chenilles d'un certain nombre de lépidoptères : la pyrale, capable d’anéantir à la fois pousses et grappes ; la cochylis, dont les chenilles de mai s'en prennent aux jeunes feuilles et aux /leurs de la vigne, tandis que celles d'août mangent les raisins; la noctuelle grise, dévoratrice des bourgeons; sans parler des hannetons, dont PARASITES DE LA VIGNE.

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